La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), effectue chaque année la tournée automnale des 19 associations régionales afin de discuter avec ses membres des enjeux majeurs. Le jeudi 14 novembre, le Dr Louis Godin, président de la FMOQ, accompagné du Dr Sylvain Dufresne, président de l’Association des médecins omnipraticiens du Sud-Ouest ont rencontré les médecins de la Montérégie-Ouest afin de discuter des principaux dossiers.
De droite à gauche : Le Dr Sylvain Dufresne, président Association des médecins omnipraticiens du Sud-Ouest ainsi que le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec. Crédit photo FMOQ
D’emblée, le Dr Louis Godin souligne qu’il est primordial de se rappeler tout le chemin qui a été parcouru ces dernières années. En effet, en 2014, 64% de la population était prise en charge par un médecin de famille. En 2019, ce nombre a grimpé à 79%. Selon le président de la FMOQ, il s’agit d’un élément positif non négligeable. Consciente qu’ils restent une clientèle orpheline, la FMOQ se penche sur la question, en se demandant ce qui peut être fait localement.
Une pénurie d’effectifs
« Au début des années 2008-2009-2010, nous étions en nette pénurie d’effectifs. La situation s’était grandement améliorée jusqu’en 2014 où l’ancien gouvernement a mis en place un climat d’obligation, avec la loi 10 et la loi 20, qui a eu l’effet d’éloigner les étudiants de la médecine familiale et plusieurs médecins ont pris la décision de prendre leur retraite. Cela a eu des conséquences. La pénurie s’est accentuée dans certaines régions, comme en Montérégie Ouest où la croissance démographique est très importante », souligne le Dr Godin.
Autre facteur important selon le président de la FMOQ , le Suroît est doté d’un type d’hôpital dont l’organisation de travail demande une présence importante de la part des médecins de famille. Conséquemment, cela engendre une pression qui devient immense sur les médecins. « On leur dit qu’ils doivent continuer de trouver des médecins de famille pour ceux qui en ont besoin, mais qu’en même temps il faut continuer de faire marcher la salle d’urgence et qu’en même temps il faut continuer de s’occuper des bébés dans la pouponnière. Les médecins doivent faire tout cela dans une situation où ils sont déjà à pleine capacité de ce qu’ils peuvent faire. Nous sommes venus les rencontrer pour voir ce que nous pouvons faire à court terme », confie le président de la FMOQ.
Le guichet Salaberry-Suroit ; un des pires guichets.
« En Montérégie-Ouest, il y a environ 10 nouveaux médecins français qui ont été admis par l’entente France-Québec. Maintenant, le taux d’inscription a baissé grâce aux nouveaux médecins qui sont arrivés à Valleyfield. Nous avons un guichet qui est maintenant à moins de 3000 patients », énonce le Dr Sylvain Dufresne.
L’éventuelle retraite des médecins de famille
Les médecins de famille vieillissent, ils ont souvent la caractéristique de travailler longtemps soit une moyenne de 40-45 années de pratique. Ils ont souvent un volume de patients significatifs. Les médecins qui prennent la relève de ces médecins de famille ont une réalité différente de celle des médecins qui partent, car il y a des exigences pour ces médecins de faire un travail à l’hôpital.
« On manque de médecin. Il faudrait en former plus et les attirer davantage vers la médecine familiale. Il y a quelque chose de paradoxal ; l’an passé on permettait de recruter environ 500 étudiants pour faire leur formation en médecine familiale. Nous étions vraiment heureux, nous disons que c’était une année extraordinaire. Mais vous savez, il y avait encore 23 postes qui sont restés vacants. Nous sommes la seule province canadienne où il demeure des postes vacants. Toutes les autres spécialités autres que la médecine familiale, tous les postes sont occupés. Au cours des 4 dernières années, c’est plus de 200 postes qui sont demeurés vacants en Montérégie et près de 800 pour l’ensemble de la province », énonce le Dr Godin.