Agriculteurs et automobilistes : la route ça se partage | VIVA MÉDIA Skip to main content

Chaque année, les agriculteurs doivent partager la route avec d’autres automobilistes. Or, il est fréquent que la cohabitation ne soit pas harmonieuse. À de nombreuses reprises les agriculteurs se fond injurier et dire qu’ils nuisent à la circulation. De la sensibilisation dans les médias est souhaitée par bon nombre d’agriculteurs.

Non, Joël Marcoux n’est pas porte-parole pour les agriculteurs. L’homme de Sainte-Marthe est simplement un agriculteur qui désire parler de sécurité routière agricole afin de démontrer sa réalité. Dès le départ, M. Marcoux précise que lorsqu’il peut suffisamment se tasser sur l’accotement pour laisser passer les autres usagers de la route, qu’il le fait avec plaisir. Par contre, ce n’est pas toujours possible. Les diverses machineries agricoles sont larges et très lourdes.

« Dans mon cas, 90 % de mes terres sont à proximité, souligne Joël Marcoux. Donc je ne suis pas sur la route pour de longues périodes. Lorsque j’y suis et que je peux me tasser, je le fais. Mais la réalité est que parfois, cela est impossible. Je me suis déjà tassé dans un accotement et le sol était trop mou. J’ai calé et cela a coûté 1500 $ de réparations. »

Il ne faut pas croire que les agriculteurs qui prennent la route pour travailler d’un champ à l’autre le font sans soucis. « Les gens doivent comprendre qu’être sur la route au volant d’une machinerie agricole n’est pas une partie de plaisir, mentionne celui qui exploite une terre biologique de 250 hectares. Il faut être excessivement vigilant. Il y a des fils, des arbres, la largeur des routes et bien plus. Parfois, les agriculteurs ne voient même pas les automobilistes qui les suivent. J’ai été témoin de rage au volant à plus d’une reprise. J’ai vu des automobilistes passer sur des terrains privés uniquement pour me dépasser. Peu de conducteurs savent cela, mais suivre un tracteur sur une distance de deux kilomètres est l’équivalent d’attendre à une lumière rouge. Je n’ai jamais vu personne s’enrager après une lumière rouge pourtant. »

Les véhicules munis d’un triangle orange sont considérés comme étant des véhicules lents. L’Article 344 du Code de la sécurité routière indique qu’il est autorisé de dépasser un véhicule lent si la manœuvre s’effectue de façon sécuritaire, et ce, même sur la ligne double continue.(Photo: Steve Sauvé)

Pas conçu pour la route

La maniabilité de la machinerie agricole n’est plus à faire lorsqu’elle est utilisée dans un champ. Cependant, en déplacement sur la route, la maniabilité n’est pas au rendez-vous. « C’est loin de se conduire comme une voiture, précise M. Marcoux. En plus de ne pas se conduire pareil, ça ne s’arrête pas pareil. Il arrive des accidents tous les ans et ce sont toujours les agriculteurs qui sont pointés du doigt. Mais, c’est très loin d’être toujours le cas. Je me suis déjà fait klaxonner par un véhicule qui me suivait, mais le conducteur ne voyait pas qu’il y avait un cycliste devant moi. »

Triangle orange

Les véhicules munis d’un triangle orange sont considérés comme étant des véhicules lents. L’Article 344 du Code de la sécurité routière indique qu’il est autorisé de dépasser un véhicule lent si la manœuvre s’effectue de façon sécuritaire, et ce, même sur la ligne double continue. Bien évidemment, le conducteur doit s’assurer que la voie contraire est libre de toute circulation sur une distance suffisante au dépassement.

Éducation

Chaque année, la Société de l’assurance automobile du Québec diffuse des publicités sur l’alcool au volant et sur l’importance qu’automobilistes et cyclistes partagent la route adéquatement. M. Marcoux croit que de la sensibilisation doit également être faite pour la présence des agriculteurs sur la route.

« Il y a un manque de connaissances des utilisateurs de la route, croit-il. Il y a une procédure pour dépasser de la machinerie agricole, mais peu de conducteurs la connaissent. Lorsqu’arrive le printemps, le gouvernement devrait diffuser une campagne de sensibilisation. Notre travail consiste à mettre de la bouffe sur la table des gens, si nous souhaitons que ça continue, il faut se donner les moyens pour. »

Steve Sauvé

Journaliste

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