Les vétérinaires, une denrée plus que rare | VIVA MÉDIA Skip to main content

C’est de plus en plus difficile d’obtenir un rendez-vous chez le vétérinaire pour son animal de compagnie. Un peu partout dans le Suroît, les maitres d’animaux doivent être prêts à attendre quelques semaines, parfois même près de 3 mois.

Depuis quelque temps, les refuges pour animaux ont été littéralement dévalisés. Il semble que d’adopter un animal de compagnie a été le choix de prédilection des Québécois afin de briser la solitude. Mais, qui dit animaux de compagnie, dit inévitablement des visites chez le vétérinaire. C’est exactement là que le bât blesse. Déjà en pénurie de main-d’œuvre depuis quelques années, les vétérinaires sont maintenant débordés.

À l’Hôpital vétérinaire des Trois Lacs, situé à Vaudreuil-Dorion, la responsable de l’accueil explique que tous les rendez-vous sont cédulés six semaines à l’avance. « Aujourd’hui, nous avons sept patients sur la liste d’attente si jamais nous avons une annulation, précise la dame qui a été contactée le 28 janvier. Nous ne sommes pas capables de prendre des rendez-vous d’urgence. »

Même son de cloche à la Clinique Vétérinaire du Vieux Vaudreuil. Les prochains rendez-vous sont disponibles à la fin mars.

AMVQ

Selon Michel Pépin, porte-parole de l’Association des médecins vétérinaires du Québec, plusieurs facteurs peuvent expliquer le fait que les vétérinaires sont débordés. Parmi elles, impossible de passer sous silence la pénurie de main-d’œuvre qui frappe le domaine.

« Chaque année, il y a des vétérinaires qui partent à la retraite, dit M. Pépin qui est lui-même vétérinaire. Cependant, il y a environ 95 nouveaux vétérinaires qui sont diplômés. De ce nombre, je dirais qu’environ 60 pratiqueront avec les petits animaux. Or, comme tous les nouveaux vétérinaires ont plusieurs offres d’emploi, s’ils décident tous de rester dans les grandes villes, il n’en reste plus beaucoup pour les régions. »

80 000 $ par année

Les gens croient à tort que la profession de vétérinaire est excessivement lucrative. Le salaire annuel moyen d’un vétérinaire est de 80 000 $. « C’est beaucoup d’étude pour le salaire, confie le porte-parole de l’association.  Même lorsqu’un vétérinaire achète sa clinique, il ne faut pas croire que c’est la richesse assurée. Les coûts d’opération sont faramineux. »

La profession de vétérinaire attire encore mais il l’engouement pour devenir techniciens animaliers est moindre. « C’est un travail qui n’est pas bien rémunéré, confirme M. Pépin. Le taux d’abandon après 10 ans est pratiquement de 50 %. Il faudrait vraiment que les choses changent. »

Pandémie et délestage

La COVID-19 frappe de plein fouet les vétérinaires. Comme pour le domaine de la santé, plusieurs cliniques doivent faire du délestage. Que ce soit pour faire vacciner son animal ou encore pour un détartrage, plusieurs services sont reportés. « Les cliniques ne peuvent plus accueillir autant de patients qu’avant. En ce moment, entre chaque rendez-vous, tous les équipements doivent être désinfectés. C’est excessivement long. De plus, le nombre d’appels pour des consultations a augmenté. Plusieurs personnes ont adopté des animaux afin de briser l’isolement. Donc, ce sont des gens qui appellent pour avoir une consultation. Les cliniques doivent parfois référer les clients vers des centres d’urgence. Par conséquent, eux aussi sont débordés. »

Ne pas acheter d’animaux

Michel Pépin recommande aux gens qui souhaitent acheter un animal d’attendre. « Dès que les gens pourront reprendre une vie normale, il y aura une grosse vague d’abandons, indique-t-il. Acheter un animal, ça se planifie. Il ne faut pas faire cela sur un coup de tête. Il faut prévoir l’argent pour les soins de l’animal. Prendre soin correctement d’un chien coûte de 1500 $ à 2000 $ par année. »

M. Pépin admet que certaines personnes achèteront tout de même un animal. C’est pourquoi il insiste sur le fait que les éleveurs reconnus ont déjà des réservations jusqu’en 2022. « Malheureusement, il y a des gens qui achètent des animaux un peu partout. Il y a même des gens qui achètent un chien 500 $ et qui l’annoncent sur Facebook ou Kjiji 1000 $. J’invite les gens à faire preuve de prudence. »

Steve Sauvé

Journaliste

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