Viande rouge : entre abus et santé | VIVA MÉDIA Skip to main content

La nouvelle a fait grand bruit: la viande rouge pourrait être cancérigène. Or, selon des spécialistes de la région, il ne s’agit pas là d’une surprise.

La viande rouge et les charcuteries sont au banc des accusés depuis quelques jours.

Rappelons les faits, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé en début de semaine les résultats d’une étude sur les risques liés à la consommation de viande rouge et de viande transformée (charcuterie).

Le groupe d’experts a classé la viande rouge comme probablement cancérogène pour l’homme alors que la viande transformée a été classée comme cancérogène. Le cancer colorectal est celui le plus souvent lié à ces consommations.

Selon l’étude, la viande rouge regroupe le bœuf, le veau, le porc, l’agneau, le mouton, le cheval et la chèvre.

« Pour un individu, le risque de développer un cancer colorectal en raison de sa consommation de viande transformée reste faible, mais ce risque augmente avec la quantité de viande consommée », explique le Dr Kurt Straif, un des experts mandatés par l’OMS. Ainsi, la fréquence à laquelle est consommée la viande revêt une grande importance dans son incidence sur le cancer.

« Ces résultats confirment en outre les recommandations de santé publique actuelles appelant à limiter la consommation de viande », selon le Dr Christopher Wild de l’OMS.

L’avis et les précisions des deux experts ne surprennent en rien la nutritionniste Judith Blucheau.

Miser sur la variété

Auteure de livres sur l’importance de l’alimentation pendant la grossesse et pour contrer l’Alzheimer, la nutritionniste de Vaudreuil-Dorion Judith Blucheau affirme que le lien entre les cancers colorectaux et la consommation de viande rouge a été constaté il y a de nombreuses années.

« Les charcuteries en elles-mêmes contiennent des produits qui augmentent la fréquence des cancers. Je prends en exemple les nitrates dont l’on se sert comme agents de conservation. Leurs liens avec le cancer sont établis depuis longtemps », explique la professionnelle.

Elle ajoute qu’elle voit de nombreux clients qui consomment fréquemment de charcuteries sans même s’en rendre compte. « Il importe de réduire la fréquence à laquelle on consomme ces produits. C’est la même chose pour la viande rouge, qu’elle soit maigre ou non. Ce sont des molécules dans la viande qui induisent les risques de cancer », explique Judith Blucheau.

Selon elle, la clé est dans la variété des sources de protéines, desquelles la viande apparaîtcomme championne. Elle cite en exemple la volaille, le poisson, les légumineuses, les œufs et le tofu. « À titre de nutrionniste, il s’agit d’un beau défi d’inciter les gens à se tourner vers de nouvelles sources de protéines, poursuit Judith Blucheau. Le truc que je donne le plus souvent est d’intégrer ses nouveaux aliments tranquillement. C’est aussi une question de faire la promotion de la santé. Moins de viande permet de contrôler le cholestérol, l’hypertension, le diabète et le poids. »

Nuance recherchée

Pierre Vincent, propriétaire de la boucherie Mon boucher à L’Île-Perrot, est boucher depuis près de 50 ans. Il consomme probablement beaucoup plus de viandes rouges que la moyenne québécoise. Il ne se dit pas surpris par les conclusions de l’étude. « Les liens entre la viande et les cancers sont faits depuis longtemps. Les gens surconsomment et n’ont pas une alimentation équilibrée. La clé est là selon moi. On dirait que les experts veulent faire peur avec l’étude, mais ils oublient de nuancer. Je ne crois pas que manger de la viande une fois par semaine soit bien dangereux en réalité », commente-t-il.

Il ne cache pas que l’étude de l’OMS puisse avoir des répercussions sur les ventes de son entreprise, mais il n’en fait pas de cas. Il souligne au passage que ses ventes de bœufs ont diminué d’environ 45 % dans les 20 dernières années. La hausse du prix de la viande bovine, mais aussi les enjeux de santé expliqueraient cette chute.

Il a aussi un message pour les autorités : « Si la viande est aussi dangereuse qu’on le dit, je me demande pourquoi les gouvernements continuent d’autoriser sa production partout dans le monde. Pour ma part, je ne crois pas que tout soit tout blanc ou tout noir. Il faut savoir utiliser de son bon sens : manger de la viande modérément et équilibrer son alimentation. »

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