Hôpital Anna-Laberge : trop de patients pour la capacité | VIVA MÉDIA Skip to main content

« C’est l’hécatombe. L’hôpital est vraiment sous le respirateur artificiel. » Ces deux phrases qui ne sont pas à prendre à la légère proviennent de Mélanie Gignac, présidente du Syndicat des professionnels en soins de la Montérégie-Ouest (FIQ) afin d’illustrer la situation avec l’Hôpital Anna-Laberge.

La capacité hospitalière serait atteinte à l’Hôpital Anna-Laberge. (Photothèque)

L’urgence de l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay est à éviter. L’établissement de santé connait un achalandage important. Beaucoup trop, pour sa capacité. La situation est tellement inimaginable qu’un patient a été installé sur une chaise avec une petite table mobile plutôt que sur une civière. La raison est qu’il n’y en avait plus de disponible.

« Ça déborde, dit Mme Gignac. Si quelqu’un arrive avec une fracture, il risque de se faire faire un plâtre directement dans la salle d’attente. Le personnel en place fait tout en son possible, mais le nombre de travailleurs est en dessous du nombre pour être reconnu comme un service essentiel. Nos membres ont peur. Le pire pourrait survenir. Les infirmières ne réussissent même pas à s’occuper des patients tellement que la tâche est importante. Elles ont peur d’en échapper. »

Les ambulances font la file

Mélanie Gignac explique que les paramédics doivent attendre jusqu’à deux heures dans le stationnement avant qu’un patient soit pris en charge par le personnel de l’Hôpital Anna-Laberge. « Un patient avec la mention P-2 est resté dans l’ambulance pendant 2 h en raison d’un manque de place. (NDLR : un P-2 veut dire un patient instable à risque élevé de morbidité et/ou mortalité immédiate). Nous manquons de bras. Il ne faut pas croire que tout cela arrive uniquement en raison de la COVID-19. Il y a encore des professionnels qui préfèrent démissionner plutôt que de travailler dans les conditions actuelles. »

Suroît et Barrie-Memorial

Selon Mme Gignac, la solution de diriger les transports ambulanciers vers les hôpitaux de Salaberry-de-Valleyfield et Ormstown a pour effet d’engorger ces deux centres. « Pour améliorer une place, on détériore ailleurs. C’est pathétique. Les travailleurs de la santé sont précieux. Il faut en prendre soin. Nous en avons des solutions. Nous aimerions que le ministre Christian Dubé vienne s’assoir avec nous. Ça fait plus de 40 ans que le réseau de la santé va mal, peut-être qu’il est le temps d’essayer autre chose. »

Contacté afin de connaitre le délai d’attente des paramédics à l’Hôpital Anna-Laberge, le relationniste de la CETAM, Renaud Pilon indique qu’il peut arriver que ceux-ci doivent attendre quelques heures avant de repartir. « Tant que le patient n’a pas été vu par une infirmière, il est à la charge de nos paramédics », explique M. Pilon.

Le CISSSMO explique

La direction du Centre intégré de Santé et de Services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) indique avoir pris connaissance de la situation à l’urgence de l’Hôpital Anna-Laberge et qu’effectivement celle-ci est très difficile en raison d’une hausse de l’achalandage. Que ceci s’explique par une hausse importante du nombre de patients nécessitant une hospitalisation,

« Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre criante et afin d’offrir des soins sécuritaires aux usagers, nous avons effectivement dû nous résigner à fermer temporairement 40 lits de courte durée. Il est ainsi possible d’assurer une meilleure prise en charge des patients tout en réduisant la pression sur le personnel. Il est à noter que malgré la fermeture, nous avons maintenu le même nombre d’hospitalisation à l’Hôpital Anna-Laberge, soit 95 patients par semaine », précise Jade St-Jean, conseillère-cadre aux communications externes, relations médias et ministérielles.

Un repartage des ambulances provenant de certaines municipalités a été faite entre l’Hôpital du Suroît et l’Hôpital Anna-Laberge afin d’équilibrer le nombre d’ambulances quotidiennement dans chacun des hôpitaux en attendant l’ouverture de l’Hôpital de Vaudreuil-Soulanges en 2026.

« On confirme que cela représente bel et bien environ 5 ambulances par jour et le nombre d’ambulances est maintenant similaire entre nos deux hôpitaux. Par ailleurs, plusieurs mesures sont en cours d’implantation pour assurer un suivi constant des patients et améliorer l’efficacité du parcours d’hospitalisation et de diminuer les durées de séjour pour améliorer la situation. »

Mme St-Jean veut toutefois assurer la population que tous les gestionnaires et les membres de la direction sont mobilisés et en actions constantes pour réduire le volume d’achalandage, améliorer la fluidité, l’accès aux services ainsi que mettre en place des conditions favorables au personnel soignant.

Le CISSSMO profite de l’occasion pour rappeler à la population de consulter à l’urgence que si leur souci de santé ne nécessite une consultation immédiate. Plusieurs possibilités de consultation se trouvent sur le site www.urgenceoupas.ca.

Steve Sauvé

Journaliste

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