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Actualité régionale

Des infirmières couchent à l’hôpital du Suroît

Le Centre intégré de Santé et de Services sociaux de la Montérégie-Ouest semble à bout de ressource. Son pouvoir d’attraction n’a pas les résultats escomptés. Voilà que des infirmières et infirmières auxiliaires d’agences privées se voient offrir la possibilité de coucher à l’hôpital lorsqu’elles travaillent deux doubles en ligne.

Selon les informations obtenues par VIVA MÉDIA ce n’est pas d’hier que cette offre est en place. Cela daterait depuis plus d’un an. (Photothèque)

Selon les informations obtenues par VIVA MÉDIA ce n’est pas d’hier que cette offre est en place. Cela daterait depuis plus d’un an. Des chambres qui sont situées au 4e étage seraient utilisées pratiquement tous les jours par des travailleurs d’agences privées. Ces derniers vivent réellement à l’Hôpital du Suroît pour des périodes allant jusqu’à 48 h puisqu’elles exigent de travailler deux périodes de 16 h consécutives.

Cette situation est loin de faire l’unanimité auprès de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec. « C’est particulier, mentionne Maxime Laforce-Steben, président par intérim du syndicat local. Pour dire la vérité, l’employeur ne parvient pas à embaucher donc en offrant la possibilité aux travailleurs des agences privées de dormir sur place, ça devient plus simple pour avoir du personnel. »

M. Laforce-Steben est conscient que sans la présence des travailleurs qui proviennent d’agences privées, que l’Hôpital du Suroît composerait avec des bris de service quotidiennement, « Parfois le soir et la nuit, il y a plus de travailleurs d’agences privées que d’employés du CISSSMO sur une unité. Cependant, lorsque nous avons demandé à l’employeur de fermer des lits afin de permettre aux équipes en place de donner des soins de qualité, il nous a dit que c’était impossible. Là, pour héberger des travailleurs d’agences privées, il ne semble pas y avoir de problème. »

Même le transport est payé

Peu de gens peuvent se vanter d’être rémunérés pour se rendre au travail. Or, les travailleurs d’agences privées ont ce privilège. Le CISSSMO paie 0,54$ du kilomètre aux gens qui habitent à plus de 50 km de l’hôpital. Comme une majorité des travailleurs d’agences privés vient de la région de l’Outaouais, il est facile de calculer qu’en plus d’un hébergement fourni, que le travailleur reçoit 204 $ pour ses frais de déplacement pour un simple aller-retour.

« Parfois, ce n’est pas les mêmes infirmières ou infirmières auxiliaires qui viennent, souligne le président par intérim. À ce moment-là, il faut recommencer les orientations. Les nouvelles n’ont pas accès à tout donc cela fait une surcharge sur nos membres. »

Hôpital de Vaudreuil

Depuis l’annonce du début des travaux visant à construire l’Hôpital de Vaudreuil que la direction du CISSSMO dit que le futur hôpital aura un effet d’attraction. Que le personnel requis sera présent. À la vue de la pratique plus haut mentionnée, Maxime Laforce-Stében se dit préoccupé. « Le plan du CISSSMO était de procéder à des embauches pendant la construction de l’Hôpital de Vaudreuil-Soulanges, mais visiblement, ce plan ne fonctionne pas », dit-il.

Le CISSSMO explique qu’il n’avait aucune autre option

La Direction des communications et des affaires publiques du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) se fait transparente. Des infirmières et infirmières auxiliaires d’agences privées ont été hébergées gratuitement à l’Hôpital du Suroît. Sans cette mesure qui sort de l’ordinaire, les conséquences pour les patients auraient été majeures et l’impact sur l’engorgement de la salle d’urgence aurait atteint un stade critique.

C’est à la suite d’un courriel comprenant une série de questions que VIVA MÉDIA a pu obtenir des réponses du CISSSMO sur la situation. Dès le départ, la direction des communications avoue avoir eu recours à cette alternative. « Les agences de placement avec lesquelles nous collaborons par le biais du Centre d’acquisition gouvernementale n’étaient pas en mesure de répondre à nos besoins en personnel infirmier, particulièrement à l’été 2022 alors que les impacts de la COVID étaient toujours aigus dans le réseau de la santé. Cette difficulté à obtenir du personnel s’explique par le fait que les régions de Salaberry-de-Valleyfield et du Haut-Saint-Laurent, où se situe respectivement l’Hôpital du Suroît et l’Hôpital Barrie-Memorial sont particulièrement éloignées. L’attractivité y demeure un défi important. Plusieurs régions du Québec partagent ce défi », fait savoir la Direction des communications et des affaires publiques du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest.

Afin de s’assurer d’avoir les effectifs requis, le CISSSMO s’est vu dans l’obligation d’appliquer certaines mesures. Il est question du paiement du kilométrage pour les personnes demeurant à plus de 50 km de l’hôpital, le taux est de 0,54 $/km, de la possibilité d’héberger gratuitement le personnel du CISSS et d’agence dans une section de l’hôpital dans des chambres aménagées à cette fin. Or, pour avoir accès à de l’hébergement, le personnel doit demeurer à plus de 50 km de l’Hôpital du Suroît. Notons également que les repas ne sont pas fournis.

« Toutes ces mesures visent une seule chose, fournir des soins et services à nos usagers et s’assurer la santé et le bien-être de la population tout en fournissant un accès à nos salles d’urgence et nos lits d’hospitalisation », indique le service des communications.

Questionné sur le fait de sa responsabilité face à son assureur advenant une problématique, le CISSSMO souligne qu’il n’y a pas d’enjeu à ce niveau puisqu’il est d’usage que le personnel médical puisse se reposer à même l’hôpital.

Steve Sauvé

Journaliste

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