Elles préfèrent fermer que d’exiger le port du masque | VIVA MÉDIA Skip to main content

Marie-Perle Lalonde et Sonia Bouchard-Blackburn, copropriétaire du Bistro Loge 95 à Rigaud ont pris une décision déchirante. En raison de la responsabilité qui appartiendra aux commerçants de faire respecter le port du masque dans les commerces, les deux entrepreneures ont décidé de fermer boutique.

Le Bistro loge 95 fermera ses portes prochainement. (Photo Steve Sauvé)

Contactée par VIVA-MÉDIA, Marie-Perle Lalonde indique que la direction n’était pas intéressée à poursuivre ses opérations dans le contexte actuel.

« À quoi bon continuer de travailler dans un milieu où nous devrons jouer à la police, se questionne Mme Lalonde. Être stressée en tout temps de peur que les lois ne soient pas respectées. Être prise avec la peur d’avoir un inspecteur en tout temps. À quoi bon de vivre malheureuses dans une entreprise où nous y avons mis tout notre cœur, où nous y avons mis une partie de nous? À quoi bon se battre, se chicaner avec nos clients que nous adorons pour les forcer à se masquer le visage. »

Marie-Perle Lalonde assure que le Bistro Loge 95 fonctionnait très bien avant la pandémie. « Nous avions le vent dans les voiles, dit-elle. Notre comptable nous félicitait pour notre bon travail. Mais, nous ne pouvons pas continuer. C’est trop compliqué à gérer et advenant qu’un inspecteur entre dans notre établissement et qu’un client ne porte pas son masque, c’est nous qui aurons la contravention. »

Revenus en baisse

À la suite de la permission accordée par le gouvernement pour procéder à la réouverture du commerce, Mme Lalonde et Mme Bouchard-Blackburn ont vu le chiffre d’affaires chuter considérablement et les dépenses faire un bond important.

« On diminue de 50% notre capacité, précise Marie-Perle Lalonde. Nous devons refuser des clients, car notre capacité est de 33 personnes. Nous avons eu une augmentation des coûts qui entrent à plein fouet et une diminution de l’entrée d’argent puisque nous pouvons accueillir beaucoup moins de clients. Nous faisons des heures de fous puisque nous ne pouvons plus nous permettre de payer des employés. Nous avons été dans l’obligation d’acheter tous les équipements de sécurité requis et c’est sans compter sur les dépenses courantes. C’est trop. »

Registre

La copropriétaire du Bistro loge 95 se questionne également sur la recommandation de tenir un registre. « On recommande fortement au bar de faire un registre. Pourquoi encore les bars !? Et le Costco? Et le Walmart? Et l’épicerie et les plages? Pourquoi pas eux !? Il entre plus de monde là-dedans à la minute que dans notre petite place. On ne me fera pas croire que c’est nous les gens de la restauration les dangers ultimes. Combien de partys de piscine à la maison dont nous avons tous été témoins? Combien de rassemblements ont eu lieu partout, dans des lieux publics ou privés? Aller manger au restaurant n’est même plus plaisant, ni pour les travailleurs ni pour les clients. Maintenant l’obligation du masque. Nous venons de passer une semaine à 40 degrés à courir, d’un bord et de l’autre, comme plein d’autres corps de métiers d’ailleurs qui ne travaillent pas à l’air conditionné. Imposer un masque, c’est inhumain. »

La décision prise par les propriétaires n’est pas irrévocable. Mme Lalonde mentionne que l’avenir sera à prendre en considération. « En ce moment, c’est impossible pour nous de continuer, dit-elle. Cependant, notre décision est temporaire. Nous allons voir à court terme si une certaine latitude sera donnée. Peut-être serons-nous là en 2021. »

À la suite de la publication annonçant la fermeture du Bistro loge 95 sur sa page Facebook, Mme Lalonde assure qu’elle a reçu plusieurs messages de soutien, mais aussi des messages haineux.

« Nos clients nous comprennent et respectent notre décision, affirme Marie-Perle Lalonde. Nous avons songé à ne pas faire respecter la consigne, mais nous aurions possiblement été dans l’obligation de fermer nos portes. Contester les amendes aurait aussi été possible, mais ça aurait eu des frais. Cela est sans compter sur la mauvaise presse que nous aurions eue. Présentement, nous n’avons donc aucun choix. »

Steve Sauvé

Journaliste

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