Un conducteur intercepté en raison de son apparence? | VIVA MÉDIA Skip to main content

Charles-Alexandre Vermettre se souviendra longtemps de sa dernière interpellation par un agent de police de la Sûreté du Québec. Le père de famille à la stature imposante qui est sans antécédent judiciaire dit avoir été victime de profilage en raison de son apparence.

Charles-Alexandre Vermette montre le constat d’infraction de 175 $ qu’il a reçu le jeudi 3 août dernier puisqu’il n’était pas en possession d’un certificat d’immatriculation valide. (Photo Steve Sauvé)

Alors qu’il circulait sur la rue Grande-Île à Salaberry-de-Valleyfield, qu’il respectant la limite de vitesse, qu’il portait sa ceinture de sécurité et que son attention était portée sur la route, M. Vermette c’est tout de même fait intercepter par un policier. Fait à souligner, le dossier de conduite de Charles-Alexandre Vermette est sans faille. Une vérification de son permis de conduire auprès de la Société de l’assurance automobile du Québec permet de constater que l’homme de 45 ans est un conducteur émérite. Il n’y a aucune inscription à son dossier.

« Le matin en quittant pour le travail, j’ai réalisé que j’avais une crevaison sur mon camion, explique M. Vermette. Comme je ne voulais pas manquer une journée de travail, j’ai emprunté la voiture de ma voisine puisqu’elle n’avait pas à s’en servir. Je me suis donc dirigé au travail et l’événement s’est produit sur l’heure du diner. »

À ce moment, Charles-Alexandre Vermettre se trouvait sur la rue Grande-Île. « Je voulais tourner à gauche sur le boul Mgr-Langlois. Mon clignotant était activé. Le policier est arrivé dans la voie de gauche. C’est lorsqu’il m’a vu qu’il a finalement décidé de me suivre et de tourner à droite lui aussi. Il m’a suivi sur au moins deux kilomètres avant d’actionner ses gyrophares. Je me suis donc rangé. J’ai demandé à l’agent pourquoi il m’interceptait et il m’a dit de lui donner mes papiers, il ne m’a donné aucun motif. Dès le départ, j’ai eu l’impression qu’il me jugeait. Qu’il me traitait comme si j’étais un voyou. Je lui ai demandé si c’était parce que je suis barbu et tatoué. Il m’a dit : tu ne trouves pas ça louche toi conduire le véhicule d’une fille ? »

Certificat expiré

Enquêtant la plaque d’immatriculation, l’agent a évidemment pu constater que le véhicule était immatriculé au nom d’une dame et non à l’homme qui était le conducteur. Notons qu’au Québec, la loi est claire. Si un conducteur dispose d’un permis de conduire valable, il a tout à fait le droit de conduire la voiture d’un tiers, moyennant l’accord du propriétaire du véhicule. Charles-Alexandre Vermette était donc en droit d’emprunter un véhicule. Cependant, lorsqu’il a remis au policier le certificat d’immatriculation, le policier a constaté que celui-ci était expiré.

« J’ai contacté ma voisine pour savoir où était le bon certificat. Lorsque je suis venu pour sortir du véhicule afin de dire à l’agent que j’étais en ligne avec la propriétaire du véhicule et qu’elle proposait de m’envoyer le bon certificat par message texte, le policier m’a crié de retourner dans l’auto tout en mettant la main sur son arme. Une chance que mon fils n’était pas avec moi dans le véhicule. »

Stressé, Charles-Alexandre Vermette a obtempéré. Toutefois, il n’était pas au bout de ses peines. « J’ai allumé une cigarette parce que j’étais ultra nerveux. Là, il a commencé à me dire: toé si tu top à terre ta cendre je t’en donne un autre, c’est-tu clair ça? »

Profilage

Citoyen sans histoire, Charles-Alexandre Vermette garde un goût amer de sa mésaventure. « C’est du profilage. Le policier n’a pas aimé mon apparence. Si j’avais été un homme de 60 ans avec une cravate, il ne m’aurait jamais arrêté. Le profilage, ça existe. Il ne faut pas croire que c’est toujours en raison de la race, il y en a sur l’apparence. »

Charles-Alexandre Vermettre s’est vu remettre un constat d’infraction de 175 $ en raison du certificat d’immatriculation qui était expiré. « La contravention c’est plate, mais je vais vire avec. Cependant, ce que je déplore c’est le fait d’avoir été intercepté en raison de mon apparence. S’il m’avait intercepté pour un motif raisonnable je n’aurais rien dit. Là, c’est une tout autre chose. En plus, pourquoi cette attitude du policier? »

Charles-Alexandre Vermettre ne compte pas porter plainte en déontologie policière. Mais, il souhaite dénoncer publiquement un point, il insiste sur le fait que le profilage sur l’apparence physique est bien présent au Québec.

Steve Sauvé

Journaliste

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