Une famille détruite par le suicide | VIVA MÉDIA Skip to main content

Difficile d’aborder le sujet du suicide. Dans plusieurs familles, lorsqu’un drame du genre survient, le sujet devient souvent tabou. Pierrette Desjardins a vécu cette situation. Trois de ses frères se sont suicidés.

Les malheurs de la famille Desjardins ont commencé en 1979. À l’époque, Denis Desjardins a mis fin à ses jours. Âgée à ce moment de 16 ans, Pierrette Desjardins se souvient très bien de cette journée.

« Mon frère avait organisé une fête chez lui, mentionne Mme Desjardins. Lorsque sa femme est allée reconduire le dernier invité, mon frère en a profité pour s’enlever la vie. »

Après 40 ans, Pierrette Desjardins assure avoir fait la paix avec la perte de son frère ainsi que des années qui allaient suivre. « En 1985, mon frère Denis s’est enlevé la vie, dit la dame qui est aujourd’hui âgée de 56 ans. Par la suite, en 1991, c’était mon frère Jean. Le suicide a complètement détruit ma famille. Nous avons vécu une période très sombre. Pour ma part, je me suis vraiment questionnée. J’ai été longtemps à tenter de comprendre. Je me suis même blâmée. »

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Mme Desjardins indique que sa mère a énormément souffert. « Lorsque mon premier frère s’est suicidé, ma mère a longtemps dit que c’était un accident. Pour le second, puisqu’il était malade, elle a dit que c’était parce qu’il ne voulait pas souffrir. Mais lorsque le suicide a frappé pour la troisième fois, elle n’a jamais voulu aborder le sujet. Elle a dit que nous devions nous relever les manches et continuer à vivre. »

Les deuils ont été nombreux pour Pierrette Desjardins. Ils s’enchaînaient à une telle vitesse qu’elle précise qu’il lui était impossible de terminer un deuil avant que la tragédie frappe de nouveau. « À un certain moment, j’ai décidé de vivre un jour à la fois et de lâcher prise, souligne la dame de Salaberry-de-Valleyfield. C’est difficile à accepter, mais il est important de réaliser que c’est irrévocable. C’est impossible de revenir en arrière. Même si une personne se torture avec des questions, cela ne changera rien. Il faut accepter et cheminer dans l’épreuve. Également, ce n’est pas un signe de faiblesse de mettre un genou au sol et de demander de l’aide si le besoin se fait ressentir. Dans mon cas, j’ai fait une dépression. J’ai rencontré un médecin et j’ai eu à prendre de la médication. »

La communication

Mère d’un enfant, Mme Desjardins précise qu’elle a toujours prôné sur une éducation où la communication était au centre de tout. « J’ai toujours insisté avec mon fils pour qu’il me dise tout, indique-t-elle. Il a toujours pu tout me dire. Il n’y a aucune cachette entre nous. Parfois, la vérité n’est pas facile à entendre, mais la communication est vraiment importante. »

Steve Sauvé

Journaliste

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