Lettres ouvertes de deux anges gardiens du Centre Mère-Enfant | VIVA MÉDIA Skip to main content

Afin de soutenir le Comité Sauvons le Centre mère-enfant, deux infirmières ont décidé de livrer un témoignage sur les conséquences que pourrait avoir la fermeture des services d’accouchement et de pédiatrie à l’Hôpital du Suroît.

De gauche à droite : Édith Gariépy, porte-parole du comité de mobilisation pour le maintien des services liés au Centre-Mère-Enfant à Valleyfield, les deux infirmières qui ont témoigné, Stéphanie Poirier et Carole Laperrière, et France Chenail, conseillère municipale à Salaberry-de-Valleyfield.

« Je t’écris à toi population de la grande région de la Montérégie Ouest. À vous futurs parents, futurs grands-parents, oncles, tantes et à ceux que la venue d’un nouveau-né pourrait toucher. J’aimerais vous sensibiliser à la future fermeture du centre Mère-Enfant (maternité) à l’hôpital de Valleyfield, qui sera transféré dans le futur hôpital de Vaudreuil. Ce qui, selon moi, serait désastreux pour notre population. Je suis infirmière au Centre Mère-Enfant depuis plusieurs années et des histoires, à vous conter, j’en aurais plein, mais je vous mettrai en contexte avec celle-ci.

 

La naissance de la petite Léa

La petite Léa est née à 29 semaines. On dit d’elle qu’elle est une grande prématurée. Léa est née à la maison puisque le travail de maman s’est fait très rapidement. L’ambulance est arrivée juste à temps pour accueillir Léa dans le lit de maman. Mais une grande prématurée, ça ne respire pas toujours tout seul et c’est le cas de Léa qui était en grande détresse après sa naissance. Alors elles ont toutes deux été transportées d’urgence au centre accoucheur le plus près, soit à l’hôpital de Valleyfield. Il y a eu un délai assez important avant d’arriver à l’hôpital puisque Léa habitait dans le secteur du Haut Saint-Laurent.

À leurs arrivées, à l’hôpital de Valleyfield, le code rose qui signifie bébé à réanimer, a été lancé à travers l’hôpital et rapidement l’équipe de la maternité s’est précipitée à l’urgence pour prêter main-forte à l’équipe de l’urgence. En effet, l’équipe de la maternité est spécialement formée en réanimation néo-natale puisque chaque infirmière qui y travaille fait partie de l’équipe AMPRO1. En gros AMPRO c’est de la formation continue en obstétrique qui rend les infirmières très autonomes pour gérer toutes sortes de situations d’urgence.

À son arrivée à l’hôpital de Valleyfield l’état de Léa était instable ; coloration bleutée, pas de tonus, respiration laborieuse et plus ou moins spontanée. Par chance la prise en charge de Léa par notre équipe lui aura sauvé la vie. Intubation, accès veineux ombilical, ventilation puis transfert en centre spécialisé à Montréal. L’équipe médicale de Ste-Justine a été claire, il n’aurait pas fallu de délai plus long pour laisser de graves séquelles permanentes à Léa, voir la mort. Donc qu’arrivera-t-il aux mamans et bébés qui connaîtront des accouchements rapides et qui devront passer devant l’hôpital d’Ormstown, attendre au pont Larocque qui sera peut-être levé, puis devant l’hôpital du Suroît, puis passer le pont payant de Vaudreuil pour enfin arriver à l’hôpital de Vaudreuil. Alors que nous avons déjà une unité de naissance à Valleyfield qui dessert la population. Par ailleurs, cette unité a été tout récemment rénovée, dans son entièreté et est à la fine pointe de la technologie.

De plus, notre région a un taux élevé de familles défavorisées. Des familles pour qui le suivi de grossesse est déjà difficile à cause de la limitation pour le transport. Alors ça m’apparaît clair que plusieurs patientes ne pourront obtenir un suivi adéquat, car elles ne pourront se déplacer à Vaudreuil. Ce qui les rendra encore plus vulnérables à des complications de grossesse si elles n’ont pas de suivi adéquat comme des retards de croissance chez le fœtus, pré-éclampsie, diabète de grossesse, placenta praevia et j’en passe…

Dans la Montérégie-Ouest, c’est déjà dans la région de Valleyfield que l’on retrouve la plus haute proportion de nouveau-nés prématurée de moins de 37 semaines et la plus haute proportion de bébés de faible poids pour l’âge gestationnel. Est-ce que cela va augmenter ?
D’autant plus qu’il n’y aura plus de gynécologue à proximité pour desservir les femmes à compter de décembre 2020.

Bref, que ce soit pour une question de sécurité des patientes ou de suivi de grossesse il est illogique et même dangereux de fermer le Centre Mère-Enfant. Je n’ai rien contre l’idée d’avoir une unité de naissance à Vaudreuil, mais pourquoi retirer un service déjà bien installé dans notre région qui en plus, a déjà une équipe très compétente.

J’espère que des voix s’élèveront pour appuyer le maintien des services d’accouchement à l’hôpital de Valleyfield. Parce qu’au bout du compte c’est votre sécurité et celle des gens que vous aimez qui seront mises en cause.

N’attendons pas que des drames irréparables arrivent avant de réagir!
Allez signer la pétition sur le site de l’Assemblée nationale. Vous pouvez trouver le lien sur le site Facebook sauvons le centre mère enfant à Valleyfield ou sur le site internet de la CDC Beauharnois-Salaberry ».

 

Un second témoignage percutant

Je me présente, je m’appelle Stéphanie Poirier
Je suis infirmière depuis 16 ans et j’ai travaillé au service de pédiatrie du suroit dans l’ancienne structure et celle d’aujourd’hui. J’ai maintenant changé de poste et c’est pourquoi je souhaite vous parler aujourd’hui de la pédiatrie de l’hôpital du Suroit.

Depuis quelques années, une stratégie de réduction de la qualité des services est mise en œuvre. En 2009, le bel environnement auquel les enfants avaient droit auparavant fut déménagé dans l’aile de médecine générale dans l’ancien hôpital. Le jeudi matin les infirmières apprenaient la nouvelle du déménagement et le vendredi le service de pédiatrie fut déménagé. Ce déménagement a entrainé un départ du personnel et des années de réadaptation et de formation d’une nouvelle équipe pour répondre aux besoins des enfants. Cela s’est fait dans les pleurs du personnel et au détriment de leur santé mentale et du beau service que nous avions pour nos petits de 0 à 12 ans.

On se retrouve maintenant en 2020 avec encore des décisions qui arrivent du château de verre du CISSMO qui souhaite maintenant mettre le clou dans le cercueil des services de pédiatrie à Salaberry-de-Valleyfield. Si ces services quittent, toute notre expertise quittera ! Pour les opérations par exemple, il n’y aura plus de séjour de quelques jours pour accueillir les familles de Beauharnois-Salaberry et du Haut-Saint-Laurent. La pédiatrie ne pourra plus accueillir les cas d’urgence de l’hôpital Barry Mémorial.

En ce moment à l’hôpital du Suroit nous offrons en pédiatrie des services d’évaluation et suivi de problèmes de santé physique, d’orthopédie, de chirurgie, de problème respiratoire, de problèmes infectieux, de traumatismes, etc. Une panoplie de soin qui est nécessaire aux immenses besoins de nos enfants 0 à 12 ans.
Nous les gens terrains comme les infirmières et d’autres qui travaillent dans le système de la santé le savons bien, nous vivons dans une région ou la pauvreté apportent son lot de problème de santé et de difficulté dans les familles. Je peux vous le dire par expérience que plus la distance est grande, moins ils ont de la visite de la part de leur parent. On voit que la récupération est meilleure quand les parents sont présents. Les parents nous aident beaucoup aussi dans les soins donnés aux enfants. Cela améliore grandement le confort des enfants.

Pourquoi est-ce que c’est vers Vaudreuil-Soulanges dans ce cas que l’on souhaite mettre tous les services ? Que va-t-il arrive par exemple à louis et ses parents qui vont devoir recevoir des antibiotiques au 8 h pour 8 semaines ? Ceux-ci vont devoir se déplacer de Franklin vers Vaudreuil 4 fois par 24 h pour son infection ?

Je demande aux députés Claire Isabelle et Claude Reid d’agir pour que nous conservions nos services de pédiatries. Je demande à toute la population d’aller signer la pétition pour mettre de la pression sur nos élus et les fonctionnaires sans discernement.

Mélanie Calvé

Journaliste

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