GHB à Valleyfield : des témoignages troublants s’accumulent | VIVA MÉDIA Skip to main content

Le scénario se répète, troublant dans sa constance. Plus d’une dizaine de femmes soutiennent avoir ingéré du GHB sans leur consentement. Les évènements rapportés se seraient déroulés dans des établissements licenciés de Salaberry-de-Valleyfield. Bien que de nombreux témoignages visent un même bar, l’absence d’accusation formelle empêche pour l’instant de nommer l’endroit. Les faits demeurent toutefois troublants.

Dans la majorité des cas rapportés, les présumées victimes étaient seules ou en binôme. Leur consommation d’alcool, souvent modeste selon leurs dires, ne correspondrait en rien à l’état de confusion extrême, voire de perte de conscience, dans lequel elles se seraient retrouvées quelques instants plus tard. 

“Je venais d’arriver au bar. J’ai commandé un verre et j’ai accepté un shooter que m’offrait le barman. Quelques minutes plus tard, je perdais la carte. Il n’avait que lui et moi”, confie une des présumées victimes.

La jeune femme confie qu’elle est persuadée d’avoir été droguée par un barman. Elle affirme qu’elle ne l’a pas quitté des yeux et se questionne depuis sur la façon dont il a procédé. Selon elle, il n’aurait pas manipulé de fiole ou tout autre élément lui permettant de verser la substance dans son verre. « Je suis persuadée que le GHB est directement mis dans une des bouteilles. Lorsqu’il souhaite droguer une cliente, il n’a qu’à utiliser cette bouteille. En cas contraire, il en utilise une autre ».

De nombreux témoignages convergent et dessinent un récit similaire. Si certaines femmes dirigent leurs soupçons vers un employé de l’établissement, d’autres demeurent incertaines : elles ignorent si la personne responsable était un membre du personnel ou un simple client parmi les autres. 

Mais un élément revient dans chaque témoignage : toutes disent avoir consommé leur boisson en pleine possession de leurs moyens. Puis, soudainement, le noir. Des trous de mémoire, une perte totale de repères, et au réveil, ce sentiment glacial d’avoir été droguées sans le moindre consentement.

Une constance revient dans plusieurs témoignages : la description d’un individu qui semble être le même pour chacune des présumées victimes. Soulignons cependant que plusieurs employés de différents établissements ont une apparence similaire et aucune accusation criminelle n’a été portée. La prudence demeure de mise.

D’ailleurs, des employés d’établissements licenciés confient avoir travaillé avec un individu dans différents milieux et ont confié avoir partagé leurs soupçons à leurs employeurs avant de choisir de démissionner, déplorant l’inaction. Leur témoignage, aujourd’hui, reste empreint de prudence.  Tous disent la même chose : les preuves leur manquent, mais leurs soupçons persistent.

Aucune accusation criminelle

Les femmes qui témoignent sont unanimes : bien qu’elles soient convaincues d’avoir été droguées à leur insu, aucune d’entre elles ne détient de preuve formelle permettant d’engager des poursuites. Et c’est précisément là que le problème se complexifie.

Dans plusieurs cas, des victimes ont eu le réflexe de se rendre rapidement à l’hôpital pour demander un test de dépistage. Pourtant, ces requêtes ont été refusées. En cause : le délai écoulé entre la consommation suspecte et leur arrivée à l’urgence. Dans certains cas, quelques heures seulement se sont écoulées entre le moment où elles croient avoir été droguées et celui où elles se sont présentées à l’hôpital. Or, le GHB est une substance particulièrement volatile, qui disparaît rapidement de l’organisme. Passé un certain laps de temps, il devient quasi impossible de le détecter par voie médicale.

Certaines victimes confient avoir été laissées à elles-mêmes et avoir été retrouvées errantes et confuses. Leur condition aurait été attribuée à un état d’ébriété élevée et traitée en conséquence par la Sûreté du Québec ou par ceux qui sont intervenus. Cependant, elles affirment pourtant avoir très peu consommé d’alcool ce soir-là.

La responsabilité des tenanciers : entre vigilance et devoir de prévention

Interrogés sur les mesures mises en place pour prévenir l’ingestion involontaire de substances comme le GHB, plusieurs tenanciers de bars licenciés de Salaberry-de-Valleyfield assurent que leur personnel est formé pour faire preuve de vigilance. Certains soulignent la présence accrue du personnel sur le plancher, l’encadrement des interactions entre clients, et l’attention portée à tout comportement suspect.

Le GHB : une drogue sournoise

Le GHB, aussi surnommé la « drogue du viol », est une substance incolore, inodore et sans goût. Une fois versé dans un verre, il devient presque impossible à détecter. En quelques minutes, il agit sur le système nerveux central, provoquant somnolence, confusion, perte de mémoire et, dans certains cas, perte de conscience. Utilisé à des fins criminelles, notamment pour faciliter les agressions, il représente un réel danger.

Le GHB disparaît rapidement de l’organisme, ce qui complique sa détection médicale et rend les poursuites judiciaires difficiles. Dans plusieurs cas rapportés, les victimes disent avoir perdu le fil de leur soirée après un seul verre, souvent offert ou servi sans témoin direct.

Comment réduire les risques ?

Il n’existe malheureusement pas de solution miracle, mais certains gestes simples peuvent aider à mieux se protéger :

  • Ne quittez jamais votre verre des yeux, même pour quelques instants.
  • Refusez toute consommation que vous n’avez pas vue préparer ou ouvrir.
  • Favorisez les sorties en groupe et désignez une personne sobre pour surveiller la sécurité du groupe.
  • Utilisez des protections pour verres, comme des couvercles ou des tests détecteurs de substances.
  • Soyez vigilants, même avec les gens que vous connaissez ou le personnel du bar.

Et si vous avez un doute ?

En cas de sensation anormale (étourdissements, confusion, perte de mémoire soudaine), appelez à l’aide immédiatement et faites-vous accompagner par une personne de confiance. Si possible, rendez-vous rapidement à l’urgence et demandez un test de dépistage. Le délai est crucial : plus vous agissez vite, plus il y a de chances de détecter la substance.

Se protéger ne devrait jamais être une responsabilité individuelle. Les établissements, les employés et les communautés ont aussi un rôle à jouer. En brisant le silence, en s’informant et en restant attentifs les uns aux autres, on peut rendre nos milieux festifs plus sûrs pour tous.

Mélanie Calvé

Journaliste

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