Un vétéran-pompier accroche sa lance après 43 ans | VIVA MÉDIA Skip to main content

Alain Gauthier tire sa révérence. Après 43 ans au Service de Sécurité Incendie de Saint-Polycarpe, le natif de l’endroit passe le flambeau.

(Photo Alain Gauthier)

La voix vive et pétillante, un calme hors du commun et une modestie charmante, Alain accepte de se raconter. Il est certainement heureux de toutes ces années de service, mais il semble presque falloir lui tirer les vers du nez. Malgré les nombreux exploits, son humilité imprègne tout ce qu’il confie.

L’homme de 57 ans prend sa retraite. Il a rendu service avec honneur et dévouement. Il sent maintenant le besoin de laisser les nouvelles générations en faire tout autant.

« Déjà à l’âge de 12 ans j’allais aider les pompiers. J’étais passionné. J’étais toujours à la caserne. Puis lorsque j’avais 14 ans, je me suis retrouvé seul à la caserne avec le chef d’incendie. Un feu s’était déclaré à Rivière-Beaudette, il m’a dit d’enfiler un imperméable et de le suivre. C’est ainsi que j’ai commencé », confie Alain en riant devant son embauche quelque peu originale.

Une tradition familiale

Bien qu’Alain cumule à lui seul 43 ans de services malgré son jeune âge, il n’est pas le seul de sa famille. Il serait possible de parler de pure tradition familiale. Son grand-père, Euclide Gauthier, a été le premier de la lignée familiale à entrer en service lors de la création du corps de pompier de Saint-Polycarpe dans les années 20. Cette passion née dans le cœur d’Euclide s’est rapidement répandue comme un feu qui se propage. Les Gauthiers sont entrés de génération en génération au service de la communauté.

Des oncles d’Alain, ses frères, ainsi que des cousins et petits cousins ont été pompiers. Un des frères d’Alain a travaillé à ses côtés pendant plus de trente ans. Cette liste ne se termine pas ainsi! Sa fille Marlyn, dès ses 18 ans, est entrée chez les pompiers et a suivi son cours de prévention d’incendie et est maintenant au service comme préventionniste pompier. Son garçon Christian, dès ses 18 ans a fait son cours à l’académie des pompiers et son DEC en service de sécurité incendie. De fait, ils ont travaillé ensemble pendant 11 ans. Son fils est maintenant pompier à temps partiel à Valleyfield et pompier à temps plein dans la ville de Gatineau.

« Mes enfants ont grandi à la caserne. Je les emmenais avec moi dès que j’y allais pour mon travail. Je les emmenais dans les camions et les habituaient aux équipements, etc. », dit Alain avec une nostalgie apparente dans la voix.

Une vie remplie au service des autres

Parmi ses années de service, Alain compte 23 ans en tant que directeur adjoint du Service de Sécurité Incendie. Il témoigne des nombreux changements qu’il a connus. Les changements d’équipements, l’évolution des techniques et des procédures. Il reconnaît même avoir collaboré à faire avancer les choses.

« En 43 ans, j’en ai vu des changements. À mon époque nous n’avions pas toute la formation que les jeunes reçoivent aujourd’hui. De nos jours, un nouveau pompier ne va pas au combat avant un an. Il faut s’assurer de bien les former et de les familiariser avec les équipements et les fonctionnements avant. Il faut aimer ça… il faut aimer relever des défis. Ne pas avoir peur de se salir les mains. En fait, c’est beaucoup de bénévolat. Si la personne n’aime pas ça… elle ne dure pas longtemps. Aujourd’hui malheureusement, les jeunes restent que 5 ou 6 ans. Ils trouvent cela trop demandant comme temps à donner. Il faut parfois laisser l’ouvrage pour aller servir, être disponibles pour différents événements, etc. », ajoute le nouvellement retraité.

Une expérience riche, mais parfois souffrante

Une expérience riche pour un homme de 57 ans qui a connu les évolutions dans le métier comme dans la société. Une expérience qu’il considère positive malgré les tragédies et les difficultés relatives au fait de servir dans une communauté où tout le monde se connaît.

« Dans le métier, on voit de tout! J’ai malheureusement vu des morts. Dans nos régions, on connaît tout le monde, c’est donc difficile de faire notre travail sans penser à ça. Lorsque l’on connaît la personne, c’est plus difficile. Sortir des morts des maisons en feu, voir des scènes de suicides… ce sont des expériences difficiles. Malgré ça, la fierté c’est d’aider. Le sentiment de venir en aide aux autres prend le dessus. Un appel était toujours un inconnu, mais nous étions toujours certains d’aider quelqu’un », conclut Alain avec la voix teintée d’émotion.

Nicola Di Narzo

Journaliste

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