Vaudreuil-Dorion passe à l’action | VIVA MÉDIA Skip to main content

Lac à la Carrière

Peu content de voir le promoteur Benjamin Wygodny commencer à pomper l’eau du lac à la Carrière, aussi connu comme le lac Chérie, le maire de Vaudreuil-Dorion, Guy Pilon, a décidé de ne pas rester à rien faire. Il s’explique mal, aussi, la position du ministère de l’Environnement, du Développement durable, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) dans ce dossier.

Malgré des avis répétés de la part de la Ville de cesser les travaux dans le lac à la Carrière, l’homme d’affaires Benjamin Wygodny a amorcé le drainage du point d’eau qui sert d’habitat à une faune nombreuse et à une flore typique des milieux humides.

Une des raisons de la mésentente provient de la nature du cours d’eau. En effet, selon les autorités municipales, il s’agit d’un lac et, en ce sens, elles souhaitent le protéger. Or le promoteur est plutôt d’avis qu’il s’agit d’une construction humaine non éligible à la protection gouvernementale.

Rappelons que le promoteur souhaite assécher le lac, le remplir afin de construire des résidences sur le terrain. Selon les estimations de la Ville, alors que le drainage pourrait prendre quelques jours, le remplissage pourrait s’échelonner sur trois à quatre ans et nécessiter de 20 000 à 30 000 passages de camions-benne remplis de terre. Par ailleurs, les autorités municipales s’inquiètent d’une telle démarche pour les résidents du secteur, les Floralies du Lac, qui n’est accessible que par une seule voie, la rue Joseph-Raymer. Habituellement prohibées par le MDDEFP, ces démarches n’ont toujours pas été avalisées par un certificat d’autorisation du ministère.

Lundi matin, des employés de la Ville de Vaudreuil-Dorion ont été avisés par des résidents du secteur que des travailleurs avaient installé une pompe plus puissante et que l’accès au lac avait été obstrué par une pièce de machinerie lourde. Rappelons que tous les permis du promoteur ont été préalablement révoqués.

Selon la directrice des communications de la Ville, France Lavoie, Vaudreuil-Dorion a décidé de prendre une avenue juridique dans le dossier. « Nous avocats sont à la préparation d’une mise en demeure qui sera soumise à Benjamin Wygodny. La quantité d’eau pompée est énorme et nous sommes inquiets des répercussions environnementales du projet, mais aussi des risques que pourrait engendrer une telle surcharge sur notre réseau d’aqueduc », explique l’employée municipale.

Le MDDEFP dans le noir

Joint par les Hebdos du Suroît, le représentant du MDDEFP, Daniel Savoie, souligne que son ministère se trouve dans une zone floue. Il affirme que le cours d’eau est qualifié de lac, mais que la jurisprudence récente menotte le MDDEFP. « Le jugement Rosa Nova a changé nos façons de faire et nous devons nous adapter », explique-t-il.

Le jugement Rosa Nova fait référence à un conflit du printemps dernier entre le MDDEFP et un promoteur qui souhaitait construire des condos en zone inondable. Un juge a donné raison à l’homme d’affaires.

Selon Daniel Savoie, le dossier du lac à la Carrière présente beaucoup de similitudes avec le cas Rosa Nova et, en ce sens, le MDDEFP doit agir en fonction de la jurisprudence en place. « Les avocats du ministère évaluent actuellement nos moyens dans le dossier. La Ville attend l’approbation du MDDEFP mais nous ne sommes pas en mesure de la donner pour l’instant. Les Villes sont donc, pour le moment, les chiens de garde, les derniers remparts dans des questions comme celles-ci », affirme Daniel Savoie.

Chien de garde

En entrevue avec les Hebdos du Suroît, le maire de Vaudreuil-Dorion s’est montré très surpris de cette prise de position de la part du MDDEFP. « Je suis en contact avec le ministère et on ne m’a jamais donné cette information, affirme-t-il. Je n’avais même jamais entendu parler du jugement Rosa Nova et de sa portée. »

Selon lui, l’explication ne tient pas la route. « Le lac à la Carrière est protégé en vertu de la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines du Québec, soutient le maire. Ce n’était peut-être pas le cas pour le projet Rosa Nova, mais ça l’est pour nous. »

Guy Pilon est catégorique. Si le MDDEFP ne veut pas s’engager de façon juridique dans le dossier, la Ville le fera. « Les démarches pourraient être longues et coûteuses, mais c’est un juge qui tranchera la question. »

Ces paroles ne semblent pas être restées lettre morte comme en fait foi la mise en demeure qui sera envoyée au promoteur.

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