Alors que la gestion des déchets et la récupération des matériaux prennent une place croissante dans les préoccupations environnementales, certains commerçants choisissent de faire plus que vendre : ils s’engagent concrètement à réduire l’empreinte écologique de leur secteur. À Salaberry-de-Valleyfield, l’entreprise Sinray illustre bien cette nouvelle responsabilité assumée par les détaillants. Reprise d’électroménagers, tri des matériaux, transport vers les centres spécialisés. L’entreprise multiplie les actions pour donner une seconde vie aux appareils usagés, contribuant ainsi à alléger le fardeau des sites d’enfouissement et à encourager une économie circulaire locale.
En activité depuis 1972, l’entreprise Sinray ne se limite pas à la vente d’électroménagers : elle les reprend, les trie et les redirige vers les bonnes filières, dans une optique résolument écologique. À preuve, l’entreprise détient un certificat attestant la récupération de 23 305 kg, soit 244 tonnes d’appareils réfrigérants.
À elle seule, l’année 2023 a vu passer 255 frigidaires. En 2024, le chiffre est monté à 276, et pour les cinq premiers mois de 2025, déjà 109 unités ont été récupérées.
Les laveuses sont également un appareil hautement récupérer. « On en ramène presque chaque fois », observe Carl Sinray. Elles surpassent de loin sécheuses, cuisinières et lave-vaisselles. Un ménage moyen vivant en appartement depuis vingt ans aura utilisé environ deux ensembles laveuse-sécheuse, ce qui représente une dizaine d’électroménagers à récupérer par foyer.
À cette dynamique s’ajoute une évolution marquante : la durée de vie des appareils est largement réduite. Là où l’on pouvait espérer 15 à 20 ans, elle se limite aujourd’hui à 7 à 12 ans, notamment en raison de matériaux plus légers et de composants en plastique.
Les matelas sont eux aussi régulièrement pris en charge. Avec une espérance d’utilisation d’environ 10 ans, ils nécessitent un traitement adapté. Une fois récupérés, ces articles sont acheminés vers des centres spécialisés où les matériaux sont démantelés, triés et revalorisés, réduisant ainsi la pression sur les sites d’enfouissement.
Chez Sinray, la récupération se poursuit bien après la livraison. Les appareils récupérés sont entreposés jusqu’à ce que le volume permette un transport vers les centres de traitement. Tous les déplacements, incluant les coûts d’emballage (en carton, systématiquement ramené par l’entreprise), sont assumés par Sinray. « On veut éviter que les clients se retrouvent avec une montagne de déchets sur le trottoir, comme c’est parfois le cas avec des sous-traitants. En ramenant tout, on garde les rues propres et on allège le travail des services municipaux. »
Pour aller plus loin, Sinray a mis sur pied son propre centre de tri. Actuellement situé dans un entrepôt au centre-ville, il sera bientôt relocalisé directement en magasin. Sur place, tout est trié : carton, plastique, mousse, électroménagers, matelas.
Et la mentalité évolue. Il y a 25 ans, les vieux meubles ou matelas étaient souvent brûlés ou jetés au dépotoir. Aujourd’hui, la récupération est devenue une pratique intégrée et même spontanée. Lors de la livraison d’un nouveau mobilier, si le client n’est pas en mesure de sortir l’ancien, Sinray s’en charge. Souvent, ces meubles trouvent rapidement preneur. Une forme de solidarité discrète, mais bien réelle.
À travers ces gestes concrets, Sinray conjugue service à la clientèle, logistique efficace et responsabilité environnementale. Une approche durable portée par une entreprise solidement enracinée dans sa communauté depuis plus de 50 ans.