Quand l’inconnu apporte son lot d’insécurité | VIVA MÉDIA Skip to main content

Vivre le moment présent est parfois difficile. Surtout en temps de pandémie. Cela explique peut-être le fait que plusieurs ont déjà raclé le terrain, procédé à l’ouverture de la piscine, bêché le jardin et pour une minorité, les plants de légumes sont déjà plantés.

L’été qui se dessine possède un trait particulier. Pour l’instant, bien malin celui qui oserait dire ce qui sera possible de faire comme activité. C’est le cas pour le quotidien, mais aussi pour les vacances à venir. Faut-il donc en conclure que le fait de devoir composer avec l’inconnu a apporté un lot considérable de souffrances? Du moins, c’est à cette conclusion qu’en vient la psychologue Karine Morin.

« Les gens sont épuisés, indique Mme Morin. Ils souhaitent être à l’extérieur. Le jardinage, la baignade, les vacances, ce sont des signes de liberté. En ce moment, les seules possibilités se trouvent en extérieur donc, certaines personnes se préparent. Il y a beaucoup de résilience en ce moment. »

La peur

Il ne faut pas croire qu’après un an, la population n’a plus de crainte. Plusieurs vivent dans la peur constamment, et ce, depuis plus d’une année. « Il y a des gens qui se sont tournés vers l’autosuffisance pour pallier au pire, d’autres vers le conspirationniste et certains développent des peurs irrationnelles et exagérées face à la maladie ou aux microbes.

En fait, les gens sont libres de penser ce qu’ils veulent. Les idées sont multiples sur la pandémie. Cependant, ce qui est triste et qui est réellement dommageable, ce sont les incohérences et les règles changeantes qui sont imposées aux individus. »

L’humain n’est pas fait que pour travailler et pour rester confiné, assure la psychologue. Il faut avoir des contacts, se divertir, se ressourcer pour vivre en équilibre psychologique. « En ce moment, l’humain est en manque d’humain. Une étude réalisée par des experts démontre qu’un bébé peut mourir s’il n’est pas touché. Le contact avec les autres est essentiel. »

Mme Morin explique que ses patients ont le choix entre des rencontres virtuelles ou des consultations à son bureau.  Plusieurs préfèrent les rencontres en présentiel pour la raison que cela fait en sorte qu’ils sortent alors de la maison, mais surtout, qu’il ressente un réel contact dans l’aide que je leur apporte, celui que seule la présence humaine peur apporter.

Les enfants

Les jeunes enfants risquent de devoir composer avec une triste réalité selon Mme Morin. D’ailleurs, elle assure que tout comme ses collègues, qu’elle voit des tendances prendre forme. « Les très jeunes enfants n’ont pas réellement conscience de la vie avant le port du masque, dit-elle. Le message qu’ils perçoivent en ce moment c’est que les autres sont menaçants. Danger, distance et protection, ce sont les mots qu’ils comprennent. C’est quelque chose qui fait peur et qui laissera probablement des traces dans la conscience collective. »

Combien de temps pourrons-nous tenir?

Difficile de prévoir quand la vie reviendra à la normale. Ceci apporte également son lot d’appréhensions. « En mars 2020, les gens se faisaient dire que s’ils respectaient les règles, qu’ils pourraient retrouver une vie normale rapidement. Sans minimiser qu’il y a un déséquilibre, à force de recevoir de mauvaises nouvelles, c’est décourageant. L’Ordre des psychologues du Québec a publié un mémoire sur les effets de la pandémie. Celui-ci a été présenté au ministère de la Santé et des Services sociaux. »

Conclusion du mémoire de l’OPQ

Ce portrait que nous dressons de l’impact de la pandémie et de la capacité de nos réseaux publics à répondre aux besoins de la population québécoise peut paraître sombre, mais il importe de poser un regard non pas alarmiste ou défaitiste, mais lucide si l’on veut faire face adéquatement au défi qui se pose. L’être humain est doté de capacités d’adaptation ou de résilience telles que l’on peut envisager d’en sortir plus sages, plus forts. Il y a lieu de l’espérer. Cependant, tous ne sont pas égaux, et il ne faut ni banaliser ni nier les impacts sur la santé mentale. Il faut s’employer à anticiper les choses, se préparer si on veut éviter le pire. Si l’on sait bien reconnaître les enjeux, si on applique les bonnes mesures, on diminuera les risques réels de séquelles à long terme. C’est dans cette perspective que l’Ordre salue et soutient toutes les actions gouvernementales qui ont pour objectif de favoriser l’accès aux soins de santé mentale, alors que les besoins sur ce plan s’accroissent en période de pandémie. Les services offerts avant la pandémie étaient, trop souvent, difficiles d’accès en temps opportun, voire inaccessibles pour certains. Or, faute de services, de soins appropriés ou de prise en charge rapide et adéquate par la bonne personne, au bon endroit et au bon moment, l’état de santé et de bien-être peut se détériorer et nécessiter conséquemment des soins et des services de plus grande intensité. Améliorer l’accès à des services de qualité au moment opportun constitue un défi de taille et nécessite l’engagement des ressources de tous les professionnels compétents, dont font partie les psychologues. Soulignons notre volonté de prêter main-forte au MSSS et de le soutenir au mieux. Le dépôt de ce mémoire s’inscrit donc, entre autres, dans l’objectif de contribuer au développement du PASM à venir afin qu’il soit bien adapté aux besoins de la population québécoise en matière de santé mentale.

Steve Sauvé

Journaliste

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