Augmentation des taxes municipales de 15 % à Beauharnois | VIVA MÉDIA Skip to main content

La Ville de Beauharnois a annoncé, lors de son assemblée mensuelle, une augmentation de taxes municipales de l’ordre de 15 %. Ceci équivaut à une augmentation moyenne de 330 $ par foyer. Pourtant, par voie de communiqué, la Municipalité affirme avoir approuvé une hausse de 1,1 % par année depuis 2013, année où le maire actuel n’était pas encore au pouvoir.

Hôtel de Ville de Beauharnois

Pour ce faire, le maire Bruno Tremblay s’appuie sur une diminution de taxes municipales accordée aux citoyens depuis 2014. Si une augmentation de 2 % avait été appliquée, plutôt qu’une diminution de taxes, les citoyens paieraient en 2 019 200 $ de plus que ce qu’ils auront à payer.

Une pilule qui passe mal

Il y a fort à parier que cette gymnastique mathématique qui permet d’affirmer une augmentation de 1,1 % par année vise à diminuer l’importance de cette augmentation massive. La population accepte bien mal une si forte augmentation, et estime que d’autres mesures auraient pu être mises en place. Le directeur général par intérim, Jacques Malenfant, n’est pas de cet avis.

Selon lui, les finances de la ville qu’il administre jusqu’à la fin décembre sont en piteux état. « Je ne mâcherai pas mes mots, a-t-il dit au Journal, la situation est critique. Le passé nous rattrape, » a-t-il poursuivi. Sans apporter plus de précision, il a mentionné que les budgétisations passées ne respectaient pas les lois. Il a aussi mentionné au passage qu’il n’y a pas eu de suivi des dépenses dans divers projets, et que ces dépenses étaient incontrôlées. Selon lui toujours, cette situation a causé un trou majeur dans les finances de la Ville, soit un déficit de 85 M$.

Or, en juin dernier, le maire affirmait avoir dû puiser 3,9 M$ dans les surplus de plus de 10 M$ afin de couvrir certaines dépenses laissées par l’administration précédente. La question se pose : comment est-on passé d’un tel surplus budgétaire à une dette de 85 M$ en moins d’un an? En guise de réponse, le directeur général par intérim a évoqué un manque de contrôle dans la gestion de l’administration précédente.

Plusieurs postes abolis

Afin d’aider à boucler le budget, 17 postes seront abolis. Neuf de ces postes n’étaient pas comblés au moment de l’annonce. Parmi les postes en fonction, notons entre autres celui de brigadier scolaire, qui ne sera aboli qu’en juin, à la fin de l’année scolaire. Il faudra voir comment la sécurité des écoliers sera assurée en septembre prochain. Tous les autres emplois seront abolis à la fin janvier, incluant un poste de conseiller au développement économique.

Interrogé à savoir pourquoi ce poste était éliminé, le directeur général par intérim a cavalièrement suggéré que lorsque des entreprises souhaitent s’établir quelque part, ils discutent avec le maire et le directeur général. Pourquoi avoir un tel poste dans une municipalité, alors? Monsieur Malenfant a répondu que ce poste était un peu inutile, au bout du compte.

Or, c’est souvent ce conseiller au développement financier qui courtise les entreprises afin qu’elles choisissent leur ville plutôt qu’une autre. Une fois le choix effectué, les entreprises procèdent effectivement auprès du maire et du directeur général. Le maire Tremblay espère-t-il que les entreprises viendront frapper à sa porte de leur propre initiative? Le directeur général n’a pas voulu répondre à la question.

Accusations répétées

Ces accusations de mauvaise gestion de la part de l’administration actuelle ne sont pas nouvelles. En juin dernier, le maire Tremblay dénonçait l’administration de l’ancien maire Claude Haineault. Celui-ci s’est d’ailleurs défendu par l’entremise des médias locaux : « Il remet en question ma crédibilité, » avait-il affirmé dans un hebdomadaire de Châteauguay.

Déjà à la fin juin, Monsieur Haineault avait suggéré au maire actuel de travailler à faire avancer sa ville plutôt que de critiquer le travail de ses prédécesseurs. Il affirmait en outre qu’un emprunt de 30 M$ permettant le développement d’infrastructures au fil de terrains dans le quartier industriel devait être remboursé dans un horizon de cinq ans, au fur et à mesure que les terrains seraient vendus. Il semble y avoir eu un moratoire sur la vente de terrains, qui valent pourtant 25 M$.

Note : Le Journal a appris au cours des derniers jours que la dette de la Ville de Beauharnois s’élèverait en fait à 55 M$, incluant 52 M$ en amortissement. Ces chiffres contredisent ce qu’avançait Monsieur Malenfant en entrevue, au lendemain du dépôt du budget.

Mona Rochon

Journaliste

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