Culture, agriculture, environnement et immigration au cœur des échanges lors du débat électoral | VIVA MÉDIA Skip to main content

Le 23 avril, les candidats de la circonscription de Beauharnois–Salaberry–Soulanges–Huntingdon ont pris part à un débat électoral organisé conjointement par CSUR La Télé, NÉOMÉDIA Vaudreuil-Soulanges, le Journal Saint-François et VIVA MÉDIA, en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie Beauharnois–Valleyfield–Haut-Saint-Laurent. L’événement a permis d’examiner les positions des candidats sur quatre enjeux majeurs

Le premier thème abordé, celui de la culture, a donné lieu à des échanges parfois confus. Alors que la question portait sur le soutien aux institutions culturelles locales, certains ont dérivé vers la question des médias, révélant une divergence d’interprétation.

Malgré cela, des propositions concrètes ont émergé. Claude DeBellefeuille (Bloc Québécois) a plaidé pour une réforme du droit d’auteur et un appui accru aux institutions de proximité.

Priska St-Pierre (Parti Conservateur du Canada) a insisté sur la préservation du français et de la culture québécoise et canadienne.

Martin Lévesque (Parti Populaire du Canada) a défendu les institutions culturelles tout en rejetant les subventions aux médias, qu’il juge contraires à l’indépendance journalistique.

Économie et agriculture

Pour le deuxième segment du débat électoral, les discussions ont porté sur l’économie, particulièrement sur les réalités agricoles. Dans une circonscription où la pénurie persistante de main-d’œuvre représente un défi majeur au développement du secteur agricole.

Pour pallier ce manque, de nombreuses exploitations s’appuient sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires, un levier devenu essentiel. En 2022, près de 68 500 personnes œuvraient dans l’agriculture au Québec, une proportion importante étant des travailleurs recrutés à l’étranger. Interpellés sur ces enjeux, les candidats ont présenté leurs positions.

Martin Lévesque s’est dit favorable au recours à la main-d’œuvre étrangère, qu’il distingue toutefois d’une immigration massive. Il s’est montré critique à l’égard de la gestion de l’offre, qu’il considère inefficace. « Que font les pays où il n’y a pas de gestion de l’offre »? Il a également mentionné que si le modèle de gestion de l’offre était efficace, il n’y aurait pas une douzaine et de fermes qui disparaissent toutes les deux semaines et les agriculteurs ne seraient pas en détresse.

Claude DeBellefeuille déplore la lourdeur et les délais du programme de travailleurs étrangers temporaires, qui freinent l’embauche dans le secteur agricole, notamment chez les maraîchers. Elle juge le processus coûteux et trop complexe pour les employeurs. Pour y remédier, le Bloc propose un permis de travail sectoriel, permettant de transférer un travailleur d’une ferme à une autre selon les besoins, sans devoir tout recommencer.

Pour Miguel Perras, la protection de la gestion de l’offre demeure une priorité indiscutable. Il a rappelé l’engagement de son parti à maintenir ce système en l’état, y compris la préservation des quotas, qu’il considère comme essentiels à la stabilité du secteur agricole.de toute concession dans les futurs accords commerciaux.

Priska St-Pierre a réitéré l’importance de maintenir les protections offertes par la gestion de l’offre pour les secteurs du lait, du poulet et des dindons. Elle a également plaidé pour une levée des barrières commerciales entre provinces, afin de favoriser une meilleure circulation des produits canadiens à l’intérieur du pays.

Kristian Solarik (Parti Vert) a mis l’accent sur le soutien aux fermes locales et la nécessité d’investir davantage dans les programmes de soutien à l’agriculture durable. Son parti propose de renforcer les mesures existantes pour favoriser la résilience des producteurs et assurer l’approvisionnement local.

Taylor Jones (NPD) a quant à lui soulevé la lourdeur administrative qui pèse sur les agriculteurs. Il estime que la réglementation actuelle est trop complexe et doit être simplifiée pour permettre aux producteurs de se concentrer sur leur travail plutôt que sur les formalités bureaucratiques.

Environnement 

Le troisième thème du débat électoral a mis en lumière les préoccupations environnementales, en particulier la perte rapide du couvert forestier dans le Haut-Saint-Laurent. Avec seulement 20 % de forêt continue subsistant dans la région, les conséquences sur la biodiversité, la qualité de l’eau et le cadre de vie suscitent de vives inquiétudes, d’autant que l’urbanisation s’intensifie.

Claude DeBellefeuille a salué le travail de proximité mené par des organismes comme Ambioterra auprès des agriculteurs. Elle a toutefois dénoncé la centralisation des programmes fédéraux, qu’elle estime défavorable aux initiatives locales. Selon elle, un meilleur accès aux ressources pour les acteurs de terrain est indispensable.

Kristian Solarik a insisté sur l’urgence d’agir face à la crise climatique, rappelant l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60 % d’ici 2030. Un objectif qu’il juge ambitieux, mais réalisable.

Martin Lévesque a quant à lui relativisé la notion de crise climatique, évoquant de simples changements naturels. Il a défendu l’idée d’un équilibre entre préservation des forêts et besoins résidentiels, tout en dénonçant les coûts de certaines initiatives environnementales.

Miguel Perras a prôné un équilibre entre développement résidentiel et préservation des milieux naturels, soulignant l’importance d’agir maintenant pour éviter des pertes écologiques et économiques durables.

Tyler Jones a pour sa part évoqué la situation à Huntingdon, appelant à une meilleure coordination entre municipalités et promoteurs pour limiter l’étalement urbain.

Sur la question énergétique, les divergences se sont accentuées. Claude DeBellefeuille a critiqué le soutien libéral à un projet de corridor pétrolier vers l’Europe, y voyant une initiative coûteuse et néfaste sur le plan environnemental. Elle a évoqué l’exemple d’un pipeline de 1 000 kilomètres ayant nécessité un investissement de 40 milliards de dollars, soulignant que cela n’apportera rien au Québec.

Priska Saint-Pierre a, de son côté, défendu le développement des hydrocarbures tout en soulignant que le pétrole consommé par le Québec, provenait du Manitoba et transigeant vers le Texas, mentionnant que cela ne faisait pas de sens.

Enfin, Miguel Perras a insisté sur l’importance des évaluations environnementales rigoureuses, qu’il juge mises en péril par certaines propositions du chef conservateur Pierre Poilievre.

L’immigration

Le dernier segment du débat électoral a porté sur l’immigration, un thème touchant à plusieurs réalités : la pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs, la complexité des démarches administratives et les limites d’accueil des communautés locales, en particulier en matière de logement, d’éducation et de santé.

Tyler Jones a affirmé que le gouvernement fédéral doit mieux soutenir les nouveaux arrivants en simplifiant les processus d’immigration, en facilitant le regroupement familial, en reconnaissant les compétences acquises à l’étranger et en mettant fin aux permis de travail fermés.

Miguel Perras a souligné la contradiction entre les besoins en main-d’œuvre et les ressources limitées dans les services publics. Il appelle à une réforme du système d’immigration, tout en renforçant les mécanismes de lutte contre les réseaux de passeurs illégaux. Il a souligné que le Canada attire de nombreux travailleurs qualifiés et qu’en ce sens, c’est un apport économique important pour le pays. Il a insisté sur l’importance d’axer les efforts pour contrer l’immigration illégale.

Pour sa part, Claude DeBellefeuille a critiqué la gestion fédérale des frontières, évoquant la réduction des heures d’ouverture de postes frontaliers dans sa circonscription. Décision maintenue malgré le contexte actuelle. Elle estime également que la capacité d’accueil du Québec est atteinte et demande une meilleure planification.

Martin Lévesque a remis en question la cohérence du Bloc Québécois, l’accusant d’avoir soutenu le gouvernement libéral à plusieurs reprises. Claude DeBellefeuille a rétorqué que ces appuis visaient à défendre les intérêts du Québec.

Priska St-Pierre a exprimé des inquiétudes face à l’arrivée de nouveaux immigrants considérant la pression sur services publics. Elle a plaidé pour un ralentissement du rythme d’immigration.

Le débat a aussi mis en lumière des désaccords sur la responsabilité des partis dans le maintien du gouvernement en place, certains réclamant un gouvernement majoritaire, d’autres préférant un parlement minoritaire avec une opposition forte.

Mélanie Calvé

Journaliste

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