Salaberry-de-Valleyfield tu m’as sauvé la vie | VIVA MÉDIA Skip to main content

Une publication publiée sur la page Spotted Moments bizarre, demandant aux gens quelle était selon eux, la ville la plus «BS » du Québec, a attiré mon attention. En fait, comme je m’y attendais, plusieurs internautes ont nommé la Ville de Salaberry-de-Valleyfield.

« T’as les motards, les junkies, pis les BS sur la même île… méchante belle Ville, sauf si tu veux que tes enfants s’en sortent », à écrit un internaute. Amoureuse de Salaberry-de-Valleyfield, ce commentaire m’a fait réagir. J’aime notre Ville. Je l’aime avec ses richesses et ses failles, aussi. Les gens décrits dans ce commentaire, je les aime. Et, lorsqu’on aime, on souhaite le meilleur et on ne juge pas. Je porte un regard bienveillant sur chacun de mes concitoyens.

Contrairement à ce jeune homme qui croit que les Campivallensiens sont destinés à une vie empreinte de misère, je suis la preuve vivante que cette Ville peut nous faire grandir, nous élever et nous porter vers nos rêves. J’ai grandi à Saint-Eustache, dans un environnement où la misère était servie au petit déjeuner. L’espoir, je n’en avais pas tant. Dès mon plus jeune âge, on a collé sur mon front une étiquette qui laissait sous-entendre que je serais une future prestataire de l’aide sociale. Très peu de gens auraient misé un vieux 2 $ sur mon avenir.

Ma famille maternelle demeurait ici, à Salaberry-de-Valleyfield. Petite, nous y venions souvent. Ma marraine avait un chalet dans Grande-Île et mes plus beaux souvenirs d’enfance y sont reliés. J’étais haute comme trois pommes et déjà j’étais fascinée par cette magnifique ville, entourée d’eau. Comme je la trouvais belle et inspirante! Chaque fois que nous passions en voiture devant l’ancienne usine de coton, je demandais qu’on me raconte encore et encore son histoire. Pour moi, Salaberry-de-Valleyfield était la plus belle Ville au monde.

En 1994, nous sommes revenus dans la Ville qui a vu naître mes ancêtres. À cette époque ma mère n’allait pas très bien et ce déménagement représentait l’espoir d’un nouveau départ. Dès les premiers jours en sol campivallensien, j’ai su qu’une histoire d’amour indéniable s’amorçait entre Salaberry-de-Valleyfield et moi.

Les relations de ma mère avec son milieu n’étaient pas très saines. C’est le côté sombre de la Ville et de ses habitants que j’ai d’abord connus. J’ai vu la misère, la consommation et la pauvreté, mais j’ai aussi vu l’entraide, l’amour, le pardon et la possibilité de renaître de nos cendres. Ici, c’est la Ville des mille possibilités. Comme partout ailleurs, il y a de la misère et comme partout ailleurs, nous pouvons nous en sortir. J’en suis la preuve.

La ville que nous habitons n’est pas responsable de nos mauvais choix. Nous sommes responsables de nos décisions, des détours que nous empruntons, des roches que nous trainons dans nos souliers.

Salaberry-de-Valleyfield a été construite à la sueur du front de travailleurs acharnés. Elle s’est métamorphosée par les idées de grandeurs de Mgr Émard. Son ADN est composé de la bienveillance des sœurs hospitalières et de tous ceux qui ont tendu la main à leurs prochains. Elle s’est imposée par les érudits élèves du Séminaire de Valleyfield. La Ville est porteuse d’histoires d’amour, de résilience, de courage et de réussite. Elle raconte l’histoire de gens qui ont trébuché qui se sont relevés et qui ont créé la vie dont ils rêvaient.

Je suis de ces gens-là. Salaberry-de-Valleyfield m’a permis de me reconstruite. Cette Ville que j’aime tant m’a tendu la main à de nombreuses reprises. Chaque fois que je suis tombée, elle m’a aidée à me relever. Elle m’a montré le chemin menant à mes rêves. Elle m’a donné tous les outils pour les atteindre. Et, lorsque j’y étais presque, les Campivallensiens, de toutes les classes sociales, possédant chacun leur propre histoire de vie, m’ont fait la courte échelle afin que je puisse atteindre cette place dont je rêvais tant.

À mon arrivée ici, j’avais le cœur gris, les idées noires et la vision embrouillée par la pluie qui ne quittait jamais mes yeux. J’étais une adolescente brisée. Je suis devenue, grâce à toi, Salaberry-de-Valleyfield, la meilleure version de moi-même. Tu m’as sauvé la vie, littéralement.

Salaberry-de-Valleyfield, tu es belle, tu es forte, tu es bienveillante, tu es courageuse et résiliente. Tu es tellement belle lorsque le soleil rejoint la Baie pour danser avec elle et s’endormir doucement dans ses bras. Et, la belle Victoria qui raconte par elle-même ton histoire et celle de ceux qui ont foulé le pavé. Je ne serais pas celle que je suis, sans toi Salaberry-de-Valleyfield. Tu as de petits coins sombres, comme partout ailleurs, mais ici chez toi, le soleil est partout et la lumière retombe sur ceux qui la désirent.

Je ne laisserai jamais personne te dire que tu es laide, Salaberry-de-Valleyfield. Chaque fois, je lèverai la main pour clamer haut et fort combien tu es belle et combien je t’aime. Pour moi, le bonheur c’est chez toi que je l’ai trouvé.

Mélanie Calvé

Journaliste

Un commentaire

  • Catherine Paul dit :

    Merci pour ce touchant témoignage Mélanie. Tellement alignée avec le fait d’être responsable de ses propres choix, peu importe le lieu de naissance et autres aspects extérieurs. Mon conjoint et moi avons emménagé dans cette belle ville voilà 1 et demie et sommes vraiment enchantés par sa localisation avec tant de verdure accessible et son ouverture à aider ses citoyens à vivre une vie la plus épanouie possible. Évidemment, pour le reste, ça vient de soi. 😉 Bel été ! Catherine

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