Payer son logement est essentiel, tout comme se nourrir | VIVA MÉDIA Skip to main content

Je vois passer sur les réseaux sociaux des publications de locataires se demandant s’ils devront ou non payer leur loyer. Un groupe Facebook suggère de faire pression sur les propriétaires, afin de ne pas payer leur logement le 1er avril prochain.

Quelques propriétaires ont généreusement offert à leurs locataires une diminution importante pour les prochains mois voire même un arrêt complet des paiements. Cette démarche est louable, sincèrement. Mais, mine de rien, elle pousse certains locataires à croire que leur propriétaire leur doit la même faveur.

 

Le problème étant que ce ne sont pas tous les propriétaires qui sont dans une situation favorisant cet élan de générosité. Les coffres de certains propriétaires ne débordent pas, plusieurs d’entre eux vivent en se serrant la ceinture. Certes, certaines banques acceptent de repousser les paiements hypothécaires, mais ce n’est pas le cas de l’ensemble des institutions. De plus, certains propriétaires n’ont pas perdu leur emploi, il devient plus difficile de justifier le report de paiements. La femme d’un ami a perdu son emploi. Lui, non. Sa banque a refusé de l’accommoder parce que selon elle, son salaire devrait lui permettre d’acquitter son paiement.

 

De plus, c’est un report, ce n’est pas un cadeau que les institutions font. Un jour ou l’autre, ces paiements devront être acquittés. Dans 5, 10 ou même 20 ans. D’ici là, il a fort à parier que les locataires ne répondront pas présents. Ils auront quitté depuis fort longtemps. Soulignons, qu’un immeuble ne se résume pas à un simple paiement hypothécaire. Il y a les taxes municipales, les taxes scolaires et les assurances, qui sont beaucoup plus chères qu’une simple assurance maison.

 

Un ami a consécutivement reçu l’appel de 3 locataires lui mentionnant qu’ils éprouveraient certaines difficultés à payer leur loyer puisque nous étions en situation de crise. « Aucun ne travaille et deux ont en plus de leur prestation d’aide sociale, les allocations familiales. Je ne comprends pas leur anticipation. Je me trompe peut-être, mais ils recevront leur argent comme tous les mois, pourquoi est-ce qu’ils ne pourraient pas payer leur loyer ? Tout le monde semble vouloir sa part du gâteau au lieu de juste s’assurer de payer ce qui est prioritaire comme se nourrir et se loger », a souligné mon ami qui préfère garder l’anonymat afin de ne pas heurter ses locataires.

 

Pour tout vous dire, je suis également propriétaire. Mes locataires n’ont pas demandé de ne pas payer ou de repousser leur paiement. Honnêtement, je ne pourrais pas. Il m’est impossible d’acquitter deux hypothèques. Ma décision est déjà prise, si pour une raison ou pour une autre, ils ne pouvaient pas acquitter le loyer des prochains mois, je redonnerais tout simplement les clefs de ma maison en location à la banque. Par le passé, il est arrivé que des locataires quittent sans payer. Conséquemment, cela m’a pris plusieurs mois à parvenir à régulariser ma situation financière. Qui peut payer du jour au lendemain 2 hypothèques? Pas moi.

 

Et, si nous inversions la situation. Avenant que mes locataires se démènent pour me payer leur loyer, mais, que moi faute de moyens, je prenne leur argent pour payer ma propre hypothèque. Que deviendraient-ils d’eux dans quelques mois, lorsqu’un huissier cognera à leur porte pour leur annoncer que la banque a saisi ma maison pour non-paiement? Ils m’en voudraient, n’est-ce pas ? Ils se diraient que ce n’est pas eux de payer le prix de mon incapacité de payer?

 

Il est déjà difficile pour plusieurs de se loger. Un peu partout, des locataires affirment peiner à trouver des logements convenables. Je crains malheureusement que si plusieurs ne paient pas leur loyer, cela marquera au fer rouge les propriétaires de la classe moyenne, qui transformeront tout simplement leur logement en Airbnb.

 

Certes, la crise amène son lot d’ennuis financiers. Mais, les supermarchés ne nous donneront pas la nourriture. Petite, ma mère me disait que l’essentiel dans la vie était de se nourrir et d’avoir un toit sur la tête.

Mélanie Calvé

Journaliste

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