Moment émouvant au palais de justice : une victime d’agression s’adresse à la Cour | VIVA MÉDIA Skip to main content

Une des victimes de Yannick Sirois-Mercier, cet agresseur sexuel condamné à une peine de 18 mois avec sursis, s’est adressée à la Cour avant le prononcé de la sentence. La dame a fait la lecture de son témoignage qui était rempli d’émotions.

« Je ne me sentais pas à l’aise de prendre mon véhicule puisque j’avais consommé de l’alcool. J’ai donc fait ma bonne citoyenne et j’ai pris une marche de santé en cette nuit tranquille d’automne. En 15 minutes, je serai chez moi maximum. Alors, pourquoi m’inquiéter?

Je fais partie de ces personnes qui croient que l’être humain est fondamentalement bon. Je fais partie de ces gens qui se font des amis à chaque rangée d’épicerie et qui aident les autres en cas de besoin. Car j’ai appris que pour recevoir un sourire on pouvait souvent lancer le premier regard.

Cette nuit-là, ma naïveté digne d’un enfant de 5 ans est partie. J’ai appris qu’il ne faut pas nécessairement une ruelle sombre ou être à Montréal pour avoir à se défendre. Ici, dans ma propre ville, ma petite ville campivallensienne, un homme a décidé de me suivre puis il a décidé que je devais le suivre.

J’ai refusé ses avances et contourné non seulement ses questions, mais aussi le bon chemin pour retourner chez-moi. La main sur mon téléphone dans mon petit manteau prête à faire l’appel qui pourrait me sauver. Car seule dans la rue avec cet inconnu qui me tient fermement les épaules, courir n’était pas une option.

Il avait avec lui le vélo duquel il était descendu afin de s’approcher de moi. Il mesurait certainement 6 pieds et avait clairement de quoi avancer plus vite que moi. J’avais peur. J’étais terrifié. J’avais beau réfléchir, mais les cours de karaté étaient bien loin dans ma tête. Je devais penser rapidement. Il a finalement lâché le morceau et il est parti dans une autre direction. J’ai passé la nuit et celles qui ont suivi à avoir peur et pleurer. Je me sentais violé dans ma propre intimité, de penser qu’il pouvait savoir où j’habitais, me voir et m’épier.

Toutes mes amies ont eu droit à un discours sur les marches nocturnes en revenant d’un bar. Que même si l’on était pas downtown, que les weirdos, il y en avait partout. Que notre sécurité était juste un effet imaginaire dans lequel on croit que nous sommes en permanence, mais dans le fond, on ne connait pas les gens à qui nous avons affaire.

Je croyais avoir rencontré un marginal qui n’avait rien à faire en cette nuit et qui voulait se faire une amie santé pendant sa ride de vélo. Les mois ont passé et j’ai commencé à oublier cette histoire. Puis le journal m’a appris que mon nouvel ami nocturne était en fait un agresseur sexuel. J’étais fière d’avoir pu me sortir de tes griffes et de ne pas avoir été une victime de plus sur ton tableau.

J’étais soulagée d’avoir refusé les derniers verres de Sangria et d’avoir eu la tête assez lucide pour te dire que non c’est non. Puis je me suis rendu compte qu’un instant, ça aurait pu être moi. J’ai quitté mon appartement et j’ai déménagé dans une autre ville. J’ai pris les précautions pour éloigner les situations potentielles qui pourraient m’amener à vivre d’autres événements comme celui-là.  J’ai été suspicieuse est craintive de rencontrer et échanger comme je le faisais depuis très longtemps. Je me suis mise à douter de l’honnêteté des gens et de l’authenticité de leurs dires. Tu as croisé mon chemin 5, 10 minutes tout au plus. Mais, tu m’as marqué au fer rouge avec ton manque de savoir-être. »

Steve Sauvé

Journaliste

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