Réalisé en mai 2025, le sondage en lien avec l’itinérance a recueilli les réponses de 1 112 citoyens de Salaberry-de-Valleyfield, provenant de tous les quartiers, avec une forte participation des secteurs de la Baie et Champlain. 71 % des répondants sont des femmes, majoritairement âgés de 35 à 69 ans.
Hausse de l’itinérance : une perception largement partagée
80 % des répondants disent avoir constaté une augmentation de l’itinérance dans les deux dernières années. Une personne sur deux en croise dans son quotidien, surtout dans les parcs, près des commerces et des institutions de santé.
Interactions et perception
62 % des participants ont déjà eu une interaction avec une personne en situation d’itinérance. 23 % les ont perçues comme négatives. Le niveau de préoccupation est élevé (8,26 sur 10), mais plus de la moitié des répondants se disent plutôt mal à l’aise face à cette réalité.
Ce qui dérange le plus
Les principales sources d’inconfort sont :
– les comportements désorganisés ou agités,
– les propos incohérents,
– les attroupements,
– la présence de campements,
– et, dans une moindre mesure, la sollicitation d’argent.
Impact sur le sentiment de sécurité
Environ 900 personnes disent ressentir un impact sur leur sentiment de sécurité, dont 400 de façon marquée.
Pistes de solution identifiées par les citoyens
– Créer des espaces dédiés pour éviter les tensions dans les lieux publics;
– Offrir une ligne téléphonique ou une adresse courriel pour signaler des situations;
– Mieux faire connaître les services de soutien existants;
– Appuyer davantage les organismes locaux;
– Renforcer la surveillance dans certains lieux sensibles;
– Sensibiliser la population par des conférences ou des outils d’information.
Les résultats guideront l’élaboration d’un plan d’action municipal, en collaboration avec les partenaires communautaires. Le rapport complet sera présenté à l’automne 2025.
Marilou Carrier travaille depuis plus de 13 ans à la Maison d’hébergement et de dépannage de Valleyfield (MDV), et en est la directrice générale depuis deux ans. Avec ses 38 employés répartis dans six établissements à Salaberry-de-Valleyfield, elle coordonne chaque jour des services essentiels pour les personnes en situation d’itinérance. Elle agit aussi comme représentante à la table de concertation en itinérance Voir plus clair, où elle prête sa voix à ceux qu’on entend trop peu.
Lors de la soirée citoyenne sur l’itinérance, elle a pris la parole pour rappeler une chose simple, mais essentielle : il n’existe pas un seul profil type de personne en situation d’itinérance.
Au fil des années, elle a vu passer des histoires de vie très différentes. Si certains vivent avec des troubles de santé mentale ou des dépendances, ce n’est pas une réalité universelle. « On parle souvent de santé mentale, de dépendance… mais ce n’est pas toujours ça. Parfois, ça fait partie du parcours de quelqu’un, parfois pas. Quelqu’un peut simplement être en situation d’itinérance sans avoir aucun autre problème. »
Marilou insiste : la crise du logement frappe fort. Se loger devient de plus en plus difficile, même pour ceux qui n’ont pas de vulnérabilité apparente.
Elle évoque les gens accueillis dans ses établissements : des jeunes, des travailleurs, des mères de famille, des aînés. « Les personnes qu’on reçoit ont des profils très différents, avec des enjeux qui ne se ressemblent pas. Ce sont des parcours de vie complexes, et il faut sortir des stéréotypes. »