Depuis peu, une dynamique différente anime les espaces du Centre du Partage à Salaberry-de-Valleyfield. Dans un coin sobrement aménagé, un congélateur pas comme les autres suscite la curiosité autant que les échanges. Né d’un partenariat avec les Complices Alimentaires, ce nouvel ajout dépasse largement la simple fonction de conservation: c’est une main tendue, un pas de plus vers la dignité alimentaire pour tous.
L’idée est simple, mais puissante. Offrir des fruits et légumes locaux, souvent exclus du marché traditionnel pour des raisons esthétiques ou de surplus, transformés avec soin en purées, en morceaux ou en condiments, puis congelés et proposés à des prix modulés. Le congélateur est rempli de ces aliments accessibles à toutes les bourses, grâce à un système de tarification flexible baptisé « Jeunes Pousses », « Récoltes » et « Solidaires ». Un même sac de légumes peut ainsi coûter entre 1,00 $ et 4,25 $, en toute confidentialité.
Depuis son arrivée en février, le congélateur a rapidement suscité l’intérêt et renforcé les liens au Centre du Partage. Le lancement officiel du 12 mai a réuni élus et partenaires, dont la pro-maire France Chenail, la députée fédérale Claude DeBellefeuille, le député provincial Claude Reid, ainsi que Nathalie Collin et Sylvie Gamache des Complices Alimentaires, toutes venues saluer cette alliance aux valeurs partagées.
Mais derrière les sourires et les poignées de main, il y a surtout un engagement profond. Celui de répondre à des besoins criants dans la communauté, notamment en matière d’alimentation et d’insertion sociale. Car au-delà des aliments, les Complices Alimentaires proposent aussi des parcours d’intégration pour de jeunes adultes en situation de précarité. Des jeunes pour qui les programmes d’aide actuels sont souvent inaccessibles, en raison de critères rigides.
Au Centre du Partage, cette réalité est bien connue. Les intervenants y croisent chaque jour des personnes qui naviguent entre les mailles du filet. Le congélateur devient alors un point d’ancrage, un outil supplémentaire dans l’arsenal de solutions concrètes offertes à la communauté.
Les produits sont transformés à la cafétéria de l’école secondaire Arthur-Pigeon, un espace vaste et peu utilisé, que les Complices ont su réinvestir avec ingéniosité. « La cafétéria est très grande, et nous on réfléchit beaucoup en mutualisation des ressources », explique Nathalie Collin. Deux autres lieux de transformation sont à l’étude, pour permettre une participation plus locale et réduire les déplacements.
Sur le terrain, la mobilisation se poursuit. Le camion des Complices sillonne la Montérégie-Ouest à la recherche de denrées, avec l’espoir bien tangible d’ajouter un second véhicule à la flotte. « Si vous connaissez des producteurs maraîchers, ben on vous invite à parler des Complices, parce qu’on a vraiment besoin de produits », lance l’équipe.
Au Centre du Partage, on sait que les gestes les plus simples sont parfois les plus transformateurs. Un sac de légumes à 1,00 $, pour certains, c’est le souper. Pour d’autres, c’est une porte entrouverte vers un avenir plus stable. Grâce à cette collaboration, la solidarité s’écrit désormais aussi à même les parois d’un congélateur bien rempli.